Entrez votre recherche ci-dessous :

Rencontre nationale des engagements : construire ensemble l’avenir

Du 13 au 18 juillet, la Rencontre nationale des engagements a réuni plus de 800 participants à Jambville. Pendant cinq jours, les débats et les activités ont permis à chacun de se questionner sur son engagement, sur les fondamentaux d’ATD Quart Monde et la manière de s’ouvrir aux défis du monde, mais aussi d’être bousculé parfois et de tisser des liens forts.

Malgré une année difficile avec la pandémie de Covid-19, les restrictions sanitaires, la pluie et la boue qui ont rendu difficile l’installation à Jambville, la Rencontre des engagements s’est terminée dans la bonne humeur, et sous le soleil, dimanche 18 juillet, avec plus de 800 participants. Ces cinq jours ont été intenses. Les débats ont parfois été houleux pendant les matinées de travail réunissant 50 groupes de 12 personnes autour de cinq thèmes de réflexion : les relations entre militants Quart Monde, alliés et volontaires permanents ; les responsabilités dans le Mouvement ; l’évolution dans les engagements ; la formation ; les défis du monde.

Les après-midi, 85 ateliers, forums et activités étaient proposés aux participants, qui ont pu chanter, écrire des poèmes, cuisiner, faire du théâtre, mais aussi réfléchir par exemple à la place des femmes à ATD Quart Monde, en savoir plus sur les expérimentations menées par le Mouvement ou encore découvrir les publications des Éditions Quart Monde. « On a pris des risques sur le fait de pouvoir assumer une telle rencontre. Mais le vrai risque qu’on a choisi d’assumer ensemble, c’est d’être bousculé dans nos engagements, dans nos habitudes », a souligné Paul Maréchal, délégué national.

Oser se confronter

Chaque jour, jusqu’à tard dans la nuit, les discussions ont en effet été animées. Des militants Quart Monde ont indiqué qu’ils ne se sentaient pas toujours écoutés ou compris dans leurs groupes locaux. Ils ont mis en avant leurs envies de prendre des responsabilités, d’être considérés comme des acteurs à part entière en étant toujours au cœur des actions menées. Les personnes aujourd’hui responsables de groupes locaux ou régionaux ont, pour leur part, souligné la nécessité de « se sentir soutenues », mais aussi « d’avoir le choix de dire non » et de travailler davantage sur le « droit à l’erreur ».

« On a tendance à regarder la prise de responsabilités comme une promotion sociale, alors qu’on sait que chacun apporte sa pierre à l’édifice. La responsabilité, pour moi, est une manière d’être ensemble », a précisé Ketty Tremoulu, membre de la délégation nationale. Pour elle, la formation est essentielle « pour se comprendre, oser se confronter en toute confiance pour permettre que notre combat avance ».

Savoir-faire des jeunes

Les jeunes ont, quant à eux, souligné l’importance de s’ouvrir à de nouveaux combats, écologiques notamment, et de refuser toutes les formes de discriminations que ce soit en raison des conditions de vie, de la couleur de peau, du genre ou de l’orientation sexuelle. Ils ont tenté de « rassurer les plus anciens » en expliquant que ces combats n’avaient de sens « que s’ils étaient ancrés dans les fondamentaux d’ATD Quart Monde, qui sont de n’oublier personne, de permettre la participation de toutes et tous et d’aller jusqu’au plus pauvre », a constaté Paul Maréchal. Le délégué national a appelé à « prendre en compte le savoir-faire des jeunes. Ce qu’ils ont expérimenté dans d’autres engagements est un apport au Mouvement ». « On doit se laisser transformer, éviter tout dogmatisme et tous les risques d’immobilité. Bouger, créer, ne pas être idéologique et aller porter les fondamentaux du Mouvement ailleurs », a-t-il ajouté.

Au-delà de ces défis internes, Isabelle Bouyer a pointé « la nécessité de gagner l’opinion publique. Sans elle, on ne pourra pas transformer cette société pour que la pauvreté disparaisse définitivement ». Cette représentation du Mouvement dans la société passe notamment par « la recherche d’alliances, depuis un certain nombre d’années, pour que nous ne restions pas entre nous et pour que nous soyons de plus en plus nombreux à vouloir éradiquer la grande pauvreté. Ces alliances me donnent de l’espoir », a ajouté la présidente d’ATD Quart Monde, Marie-Aleth Grard, en citant notamment le Pacte du pouvoir de vivre.

Les travaux très riches de cette Rencontre nationale des engagements ont ouvert de nouveaux chantiers pour les mois et années à venir. Ils ont également redonné de l’énergie et renforcé l’unité dans certaines équipes, ravies de pouvoir enfin se retrouver.

L’importance des groupes de pairs

Les différentes formes d’engagement au sein d’ATD Quart Monde ont été questionnées tout au long de la rencontre. « Nos identités d’engagement, alliés, militants, volontaires, nous aident à donner le meilleur de nous mêmes. Elles nous demandent à chacun de nous laisser transformer, de questionner nos privilèges, mais aussi nos certitudes, nos forces, nos faiblesses, nos compétences et nos savoirs. Nos appartenances respectives ne définissent pas une hiérarchie entre nous, mais c’est une force. Nous sommes interdépendants les uns des autres. Nous devons chacun être en mesure de nommer la nature et la racine de nos engagements », a affirmé Martine Le Corre, membre de la Délégation générale du Mouvement international.

Certains membres, notamment des militants Quart Monde, ont cependant pointé leur crainte que « ces cases deviennent des cages ». La question du travail en groupes de pairs a notamment été débattue. « Vivre des temps de travail séparés, pouvoir se retrouver par groupe d’appartenance, qu’on soit militant, allié ou volontaire, c’est émancipateur, libérateur. On ne confie pas la même chose à des personnes qui ont une vie très différente de la nôtre. Rester séparé pour réfléchir, c’est garder un pouvoir d’agir, qui permet de prendre confiance en soi », a souligné Isabelle Bouyer, membre de la délégation nationale. Mais, pour que cela fonctionne, « il est parfois important qu’il y ait quelqu’un qui régule la parole, pour que chacun soit entendu et respecté », a-t-elle ajouté.

Une fois que les réflexions ont été menées en groupe de pairs, séparément, « une autre nécessité est de faire dialoguer ces savoirs. Pour croiser et partager les aspirations, malgré nos vies différentes. C’est alors une libération réciproque. La raison de vivre de notre Mouvement, c’est la parole collective », a-t-elle ajouté. Au-delà des différences entre militants Quart Monde, alliés et volontaires permanents, « chaque personne est un chemin vers les plus exclus. Ce qui nous rassemble, c’est l’expérience que vivent ceux qui sont les plus exclus pour construire une autre société, tous et toutes ensemble », a conclu l’un des groupes de travail.

Cet article est extrait du Journal d’ATD Quart Monde de septembre 2021.

 

Photo : © Carmen Martos, ATD Quart Monde