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Rencontre avec le réalisateur Rachid Djaïdani

Le réalisateur de « Tour de France » raconte son parcours, depuis la cité où il est né jusqu’aux studios de cinéma.

Onze heures à la Ruche à miel, Rachid Djaïdani a sa place dans ce café-restaurant du 12eme à Paris. « Ici je suis en famille : je te présente mes frères (le patron, le cuisinier, les habitués) ». « Tour de France » à peine sorti, Rachid écrit un nouveau film ainsi qu’un mini documentaire sur ce café. Il aime donner la parole aux gens qu’on entend peu. Rachid est du côté des plus humbles parce qu’il se sent de la même famille.

Né en France de père algérien, ouvrier aux usines Renault de Poissy, et de mère soudanaise – ils sont onze enfants -, il grandit dans une cité à Carrières -sous- Poissy. Après avoir redoublé en primaire, il arrive à 14 ans en sixième. Après un an de collège, il passe deux CAP : maçon et plombier-chauffagiste. Puis il travaille sur des chantiers. «  Finalement, l’école ça a été la bénédiction de ma vie ».

Quand il rencontre des jeunes aujourd’hui, il leur dit qu’il est la preuve que tout est possible, quel que soit le départ. Allocataire du RSA un temps, si demain le cinéma, ça ne marche plus, il se sent prêt à reprendre la truelle.

Très vite, il décide de devenir acteur. Sans argent, il suit tous les cours d’essai du conservatoire d’art dramatique. Doué, on lui demande où il a été formé. «  A l’école « Delarue », réplique-t-il. Un beau jour, il se présente à des répétitions chez Peter Brook, célèbre homme de théâtre. « Je ne connaissais pas Shakespeare… » Il partira en tournée mondiale avec la troupe. « Cet homme a bouleversé mon existence ».

Rachid a toujours adoré raconter des histoires. En 1999, il écrit son premier roman Boumkoeur – la vie des habitants d’une cité. Embauché comme agent de sécurité sur le tournage du film « La Haine », il enchaînera ensuite des rôles au cinéma et à la télévision.

Parallèlement, il réalise des documentaires, puis deux films, Rengaine et Tour de France avec Gérard Depardieu. L’histoire : un jeune rappeur prend la route avec un maçon à la retraite, épris de peinture mais bougon et raciste sur les bords. Comment ce duo va peu à peu se transformer, quel chemin ils font l’un vers l’autre.

Rachid Djaïdani a connu l’exclusion, la discrimination intellectuelle car il n’était pas du sérail. Pour lui, ce qui compte avant tout, c’est le respect, la dignité et la fierté. Sa vie aujourd’hui, dit-il, « c’est un privilège de dingue ».

Bella Lehmann-Berdugo

Tour de France. 2016. France. 1H35. Au cinéma et DVD/ VOD.