
Parents d’enfants confiés : d’une place assignée par les professionnels à une place d’acteurs dans le dispositif de Protection de l’enfance ?
Les parents dont l’enfant est confié aux services de l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE) dans le cadre d’une mesure de placement deviennent interlocuteurs d’un service socio-éducatif. Ils sont fortement invités à être actifs, mobilisés et acteurs dans une nouvelle forme de parentalité. Pourtant, certains parents sont absents et en deviennent invisibles. Les services de l’ASE permettent-ils réellement aux parents d’être visibles au sein du dispositif ?
Ce mémoire interroge la place occupée par les parents dont les enfants sont accueillis physiquement dans le dispositif de la Protection de l’Enfance.
Si les évolutions législatives permettent d’envisager un rôle plus important des familles dans le cadre de mesure de placement judiciaire ou administrative, des écarts importants sont constatées entre ce qui est prescrit et les pratiques institutionnelles.
Éducateur spécialisé au sein d’une Agence de Solidarité du Conseil Départemental de l’Hérault, Mathieu Leroy a réalisé l’enquête de terrain dans une démarche de distanciation. L’observation participante et les entretiens réalisés auprès de professionnels du conseil départemental (ainsi qu’auprès d’intervenants associatifs) ont permis de constater que les agents du département mobilisent une image particulièrement négative lorsqu’ils parlent des parents d’enfants placés auprès desquels ils travaillent (absents, en souffrance, agressifs voire violents).
Les services départementaux de la solidarité permettent-ils réellement aux parents d’enfants confiés d’être à une place d’acteurs et d’interlocuteurs au cours de la mesure ?
Les notions de parentalité, de participation et de reconnaissance sont ici mobilisées dans la perspective d’approcher les processus qui mettent à distance les parents concernés.
Parmi les phénomènes constatés, Mathieu Leroy a notamment identifié, un déni de reconnaissance des parents, une participation difficile à mettre en oeuvre, un manque de lisibilité des rôles et des attentes de chacun des acteurs et une forme d’invisibilité sociale des parents, concomitante à la décision de placement.
À partir d’une sociologie de l’intermédiation, des pistes d’améliorations du dispositif sont envisagées.
Favoriser le sentiment de reconnaissance chez les parents d’enfants confiés apparait central dans la perspective d’un changement de paradigme.
La posture des professionnels, la publicisation et le respect des droits des parents, l’émergence d’une dimension collective de parents et la question de leur représentation institutionnelle font partie des éléments qui sont proposés à la réflexion et à la discussion. L’enjeu est de permettre l’émergence d’un pouvoir d’agir chez ces parents et plus largement un renversement épistémologique dans la façon de concevoir leur rôle et leur place dans le cadre de la mesure de placement.
Lire le mémoire de recherche de Mathieu Leroy : C’est ici !