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Quelques films à voir en novembre 2016

AFECTADOS (Rester debout). 2016 Documentaire. Silvia Munt. Espagne. VOST. Coup de cœur. Sortie 16 novembre 2016.
En Espagne, à Sabadell, cité industrielle à 20 kms de Barcelone, l’auteure a assisté pendant un an, deux fois par semaine, aux assemblées de la « Plateforme des victimes du crédit hypothécaire ». Ici des personnes de tous horizons, expulsées de leur logement (tout en restant endettées auprès de leur banque) ont créé un collectif citoyen, apolitique et spontané. La PAH propose une aide juridique et psychologique. Peu à peu ces hommes et ces femmes retrouvent confiance en eux et dignité, en sortant du silence. Ensemble ils cessent d’être prisonniers d’une situation dont ils ne sont pas responsables. Ce collectif a essaimé dans tout le pays. Il a permis des accords avec les banques pour la transformation d’appartements vides en logements sociaux et avec les compagnies de gaz et d’électricité. Ces avancées concrètes ainsi que le film, diffusé au cinéma et à la télévison catalane, ont contribué à un changement de regard de l’opinion publique vis-à-vis de ces personnes en situation d’exclusion. Par le pouvoir de la caméra sensible et respectueuse de Sylvia Munt, sans voyeurisme aucun, nous entrons en empathie au cœur de ces vies bouleversées.
Prochainement : Rencontre d’ATD Quart Monde avec la cinéaste Silvia Munt.

MA’ROSA. 2016. Fiction. Brillante Ma Mendoza. Philippines. VOST. 1H50. (sortie 9 Novembre 2016) A Manille, 48 heures de la vie d’une famille dans la survie. Rosa tient une épicerie et pour joindre les deux bouts, elle vend aussi de la drogue. Dénoncée et arrêtée avec son mari, leurs enfants essaient par tous les moyens de les sortir de là. Ils affrontent des policiers corrompus. Tourné à la lumière électrique, dans des ruelles sordides, la pauvreté, l’urgence, la vétusté des lieux (jusque dans le commissariat) » suintent » tout au long du film. Une sensation de malaise quasi physique happe le spectateur. Mais la force des liens familiaux demeure au-delà de tout. Prix d’interprétation féminine au Festival de Cannes.

LA BATAILLE DE FLORANGE. Documentaire. Jean-Claude Poirson. France – 1H46 (sortie 26 octobre) contact distributeur : Human Doors Films
Le récit en immersion du combat durant 2 ans des ouvriers du complexe sidérurgique d’Arcelor- Mittal de Florange contre son repreneur et liquidateur Mittal, géant mondial de l’acier. Leur objectif : sauver les deux derniers hauts-fourneaux de leur vallée et les 5 000 emplois qui s’y rattachent. Les chefs d’états et leurs gouvernements se succèdent….Les protagonistes nous transfusent littéralement leur adrénaline : coups de gueule, espoirs, courage. Nous marchons avec eux les 350 kms vers Paris. Après la bataille, nous assistons au temps des reconversions et des bilans.

MOUCHETTE. Fiction. Robert Bresson. France. 1967, copie restaurée. 1H21. Noir et blanc.( Sortie 18 octobre). D’après le roman de Bernanos. Contact : Tamasa Distribution.
Une adolescente taciturne, père brutal, mère gravement malade, vit dans la solitude. Vouée aux tâches ménagères, aux soins au petit frère bébé, elle ne trouve à l’école que des humiliations. Seules joies : une fête foraine et la nature environnante. Abusée par un braconnier, elle se retrouve au ban du village. Même les  » dames des bonnes œuvres » portent un regard désapprobateur sur l’adolescente. Mouchette évolue au milieu d’êtres vulnérables, proies des chasseurs, hautement symboliques. Sans misérabilisme, avec simplicité, poésie, sensibilité et… austérité : pour les cinéphiles inconditionnels. Une plongée aussi dans une France profonde rurale d’avant Mai 68, pas si loin de nous.

DIVINES. Fiction. Houda Benyamina. France. 1H45. En DVD ou téléchargement légal.
Dounia vit avec sa mère seule dans un camp de Roms, au pied d’une cité parisienne. Avec son amie Maimouna, fille de l’imam du quartier, elles sont bien décidées à sortir de la misère. Elles revendent des sodas volés au supermarché, à la récréation. Elles végètent en BEP « hôtesse d’accueil ». Elles pensent avoir trouvé le moyen de gagner plus d’argent en travaillant pour Rebecca, une dealeuse respectée. Dounia gravit les échelons dans la criminalité, abandonne les études. Sa rencontre avec un jeune homme fou de danse, suggère une « sortie de secours » par l’art. Ces jeunes filles dégagent une formidable énergie vitale, avec une amitié à la vie à la mort. On peut déplorer une vision un peu « cliché » des banlieues, mais le film ne semble pas vouloir démontrer ni juger.
La fin dramatique est très morale. Interdit aux moins de 12 ans. Caméra d’Or au Festival de Cannes (récompense pour un 1er long métrage).

Bella Lehmann-Berdugo