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Quelques échos de la journée « Laboratoire des travaux utiles » du 25 janvier 2018


Sur les 10 territoires zéro chômeur de longue durée, c’était aujourd’hui journée portes ouvertes. L’objectif : mieux faire connaître les « travaux utiles » mis en œuvre sur ces territoires qui, depuis maintenant un an, expérimentent un nouveau « droit à l’emploi ».

À Pipriac et Saint-Ganton en Ille-et-Vilaine, les animateurs du projet, Denis, Serge et Guillaume, ainsi que la soixantaine de salariés, étaient sur le pont pour accueillir des visiteurs venus des environs, de Rennes, Rostrenen… et même Poitiers ou Paris. Au programme, visite de la recyclerie, du commerce ambulant, des ateliers bois, nettoyage de véhicules et couture, lancement de l’activité « conciergerie » (un centre d’appel et d’information pour particuliers et entreprises) et présentation de la future activité de « légumerie ».

Le commerce itinérant

À l’atelier bois où l’on prépare du bois de chauffage et où l’on crée du mobilier en palettes de récupération, un des salariés, Alain, raconte : « Jusqu’à la fermeture de mon entreprise en 2014, j’étais chef d’atelier. Ici, je fais partie de l’équipe comme les autres. Nous sommes tous au salaire minimum. Notre emploi ici, ce n’est pas un aboutissement, c’est une base de lancement pour pouvoir continuer de chercher mieux ailleurs. Ce qui est bien ici, c’est que, quand il faut, on va chercher les gens chez eux pour leur proposer un emploi. Certains n’osent pas venir, mais si on va vers eux, ils viennent. »

L’atelier création de meubles

Actuellement, la demande en bois de chauffage est supérieure à ce que l’entreprise peut fournir. Pour éviter la concurrence déloyale, la clientèle est composée de familles aux bas revenus qui, de toute façon, n’iraient pas s’approvisionner chez un livreur de bois ordinaire. Alain ajoute : « Ça nous permet de fournir des personnes qui ne se chaufferaient pas sinon. Ça fait aussi partie de notre activité : soutenir ceux qui sont en difficulté, créer des liens. On se soutient également entre salariés. On sait que la vie est difficile pour certains et qu’il y a des jours où on ne se sent pas très bien. On fait aussi beaucoup de covoiturage entre nous. »
À coté, à l’atelier de création de meubles à partir de palettes, canapés, fauteuils, meubles de jardin sortent de terre. L’atelier attend avec impatience une commande de 120 meubles !

Denis Prost explique que : « la règle est que tout le monde est au SMIC car il faut que les salariés aient un intérêt à continuer de chercher un emploi dans les entreprises du territoire. Mais on aide chacun à monter en compétences. On propose régulièrement des formations. »

L’entreprise à but d’emploi de Pipriac/Saint-Ganton, TEZEA, compte fin janvier 64 salariés à temps choisi. Un équivalent temps plein coûte 27 000 € par an. Sur ces 27 000 €, 20 000 sont financés par le transfert du coût du chômage de longue durée. Restent 7 000 € par an par personne à trouver avec les recettes dégagées par l’activité créée.

TEZEA ne s’interdit a priori d’envisager aucune activité. Sa sécurité : les artisans et entreprises locales font partie du comité de pilotage du projet. Dès lors qu’une activité de TEZEA en menacerait une qui existe déjà sur le territoire, TEZEA l’interromprait aussitôt.
C’est aussi dans cette gouvernance collective que se trouve la grande nouveauté de ces « territoires zéro chômeur de longue durée » : les décisions se prennent chemin faisant et de manière collective, en impliquant tous les acteurs concernés : salariés, élus, entreprises locales, habitants, etc.