Démocratiser et orienter le monde numérique de demain pour une meilleure maîtrise par tous reste un formidable défi.
Revue Quart Monde n° 248
Au 21ème siècle, l’évolution effective vers le tout numérique a pour effet qu’à l’illettrisme, à l’analphabétisme, et aux inégalités d’accès aux droits en général s’ajoute désormais une nouvelle source d’exclusion, désignée habituellement sous le nom de « fracture numérique » ou encore d’« illectronisme ». Risque ou chance à saisir, dans la mesure où la technologie peut se révéler être un outil permettant de résoudre des problèmes sociaux ?
Des associations comme Reconnect et Emmaüs Connect avec son projet WeTechCare envisagent cette révolution comme inéluctable et développent une offre d’ateliers pédagogiques pour des personnes fragilisées par l’obligation de ces nouveaux apprentissages, – dont celles vivant dans la rue –, tout en accompagnant également des centaines de structures du tissu social et associatif, qui manquent de moyens de formation.
D’autres, tel Bernard Legros, réfractaires au numérique, rappellent à propos que la technique n’est pas neutre. En matière d’embauche par exemple, des laboratoires d’informatique rivalisent pour mettre au point des algorithmes et vendre des logiciels qui éliminent automatiquement certains CV selon des critères d’adresse, de décrochage scolaire, de passage par un dispositif d’insertion, etc. […]
Dans les pays les plus pauvres, des dizaines de milliers de personnes déshéritées et réfugiées vivent sur des décharges de déchets électroniques, mines d’or qui profitent à ceux qui exploitent leur travail d’esclaves.
Démocratiser et orienter le monde numérique de demain pour une meilleure maîtrise par tous reste un formidable défi. Il nous faut le relever avec pragmatisme, mais surtout sous l’enseignement constant des plus démunis dont l’univers vital est déjà envahi, et l’accès aux droits impacté.
Extraits de l’introduction de Martine Hosselet-Herbignat
Guy Veyssière –
Bonjour, Tout à fait d’accord avec l’irruption inutile de l’anglais dans we take care.
Une autre difficulté, dire cela : En matière d’embauche par exemple, des laboratoires d’informatique rivalisent pour mettre au point des algorithmes et vendre des logiciels qui éliminent automatiquement certains CV selon des critères d’adresse, de décrochage scolaire, de passage par un dispositif d’insertion, etc.
laisserai penser qu’il s’agit d’intelligence artificielle, que quelque chose de nouveau se passe. La discrimination, par exemple à l’embauche n’est pas venue avec le numérique, c’est une discrimination classique, l’informatique n’a strictement rien apporté de nouveau sur ce plan. Ce n’est pas une nébuleuse incompréhensible sur laquelle nous n’aurions aucun contrôle. La seule nouveauté est que cela permet de dire, je suis désolé mais ce n’est pas moi, c’est l’ordinateur. Cet argument est arrivé en même temps que l’informatique.
Je me permets d’ajouter et je ne connais pas tout, que la voie n’est pas immanquablement de rendre chaque personne autonome, mais également de mette en place des structures, si possibles non institutionnelles, dans lesquelles les personnes non autonomes peuvent être accompagnées sans qu’elles aient le sentiment d’être inférieures. Je peux m’arracher une dent seul, mais je préfère l’assistance de la dentiste. Enfin je dis ça, en cas de problème à une dent, sinon je les laisse tranquilles.
Coelho –
Est-il possible d’avoir la date exacte de parution pour la citer dans une bibliographie? Merci
Lucie Wojtasiak –
Bonjour,
Ce numéro de la Revue Quart Monde a été publié en décembre 2018.
Bien à vous,
Lucie
Michel Mercadié –
Lancer en France « We Tech Care », c’est ajouter l’exclusion linguistique à l’exclusion numérique! Aberrant.