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Pour une société autrement qui ne laisse personne de côté

Ecole, santé, logement, emploi… ATD Quart Monde va présenter treize propositions aux candidats à la présidentielle pour faire entendre la voix des plus démunis et plaider l’urgence de lutter contre la misère. Dossier réalisé par Véronique Soulé

A l’approche de la présidentielle, ATD Quart Monde s’adresse aux candidats. Des lois ont été gagnées, qui, sur le papier, marquent d’incontestables avancées sur le logement, la santé, le chômage, etc… Mais trop souvent, elles sont peu appliquées. Pour cette raison, le mouvement présente treize propositions et rappelle aux candidats la nécessité d’agir plus fortement encore en faveur des droits et de l’égale dignité de tous.
Le but n’est pas d’obtenir des promesses électorales qui ne seraient pas toujours respectées, souligne la présidente d’ATD Quart Monde Claire Hédon. Il s’agit surtout de sensibiliser et d’informer les hommes politiques sur les combats du mouvement afin de travailler ensemble par la suite.
C’est aussi l’occasion de peser dans les débats, comme autour du revenu universel ou revenu de base. ATD Quart Monde se dit prêt à des expérimentations à condition que ces projets soient conçus et menés avec les personnes en situation de précarité. C’est tout le sens de cette société autrement qui ne laisse personne de côté, thème au cœur de la mobilisation 2017.
« Nous vous invitons à construire une France, en Europe, qui dit non à la ségrégation sociale, à la discrimination, à la stigmatisation pour raison de précarité et de pauvreté, écrit le mouvement dans son adresse aux politiques. Une France qui fait de la lutte contre les exclusions un impératif national et une priorité de l’ensemble des politiques publiques. »

« Le fruit d’un travail collectif »

Claire Hédon, présidente d’ATD Quart Monde France, explique le sens des propositions politiques du mouvement.

Comment ont-elles été préparées ?
Nous avons travaillé avec des militants, des alliés, des volontaires permanents, au sein des différentes instances d’ATD Quart Monde. C’est vraiment le fruit d’un travail collectif.
Nous n’avons pas voulu faire un catalogue de propositions mais sélectionner quelques points qui nous paraissaient importants, comme par exemple : ne laisser personne de côté et garantir l’accès aux droits à tous, promouvoir une économie qui respecte l’homme et l’environnement, élargir le nombre de territoires participant à l’expérimentation Territoires zéro chômeur de longue durée ou encore, sur un plan international, instaurer un socle de protection sociale.
Nos propositions ne disent pas tout notre combat contre la pauvreté. Nous n’évoquons pas, par exemple, la question importante de la petite enfance – la nécessité de places dans les crèches et les halte-garderies pour les enfants de personnes en situation de précarité, le besoin d’accompagnement de parents en difficulté…

Vous avez dû choisir ?
En fait, nous avons le sentiment qu’aujourd’hui il existe un arsenal législatif et juridique qui pourrait permettre de lutter contre la pauvreté. Le problème est que les lois ne sont pas appliquées. Cela vaut pour le logement, l’éducation, la santé…
Il ne faut pas forcément de lois supplémentaires mais il faut que l’accès aux droits des plus pauvres soit réel. Il suffit de savoir que le non-recours au revenu de solidarité active (RSA) dépasse les 30% ! Nous devons tout faire pour que les personnes en situation de pauvreté accèdent à leurs droits dans les faits. D’où le thème de notre mobilisation 2017 : une société autrement qui ne laisse personne de côté.

Qu’allez-vous faire de ces propositions ?
Nous allons rencontrer les principaux candidats à la présidentielle avec lesquels un dialogue semble possible. Nous voyons mal en effet comment dialoguer avec quelqu’un qui d’emblée divise la société.
Ce n’est un combat ni de gauche ni de droite, Nous le gagnerons si les politiques bougent mais aussi si la société bouge et change son regard sur les plus pauvres. Il faut que chacun comprenne que nous avons tous à y gagner. Ce n’est pas un coût mais un gain pour la société toute entière. Voilà notre grand combat.

Que direz-vous aux candidats ?
Nous allons leur exposer nos préoccupations, ce sur quoi on veut avancer pour que la vie des plus pauvres change. Nous allons, par exemple, leur rappeler que la question de l’école reste centrale ou encore que ce ne sont pas des places d’hébergement supplémentaires dont on a besoin mais de logements accessibles aux plus pauvres et que, si l’on n’en construit pas plus, on n’y arrivera pas.
Nous leur demanderons sur quoi ils peuvent s’engager et comment nous pourrions travailler ensemble. Nous n’attendons pas de promesses précises mais nous savons d’expérience que ces rencontres facilitent notre travail ultérieur.

Quelle importance d’aller voter ?
Il y a encore tant de pays où des femmes et des hommes se battent depuis des décennies pour vivre en démocratie et obtenir le droit de vote. Nous avons cette chance en France : à chacun de nous d’en faire bon usage pour que les droits de tous soient effectifs.

Recueilli par Véronique Soulé

Photo : à la mairie d’Angers pour le lancement de la campagne de mobilisation 2017 le 12 février (photo F. Phliponeau)