
Placement d’enfants : Une expérience de médiation réussie
Dans une commune du Lot-et-Garonne, suite à des problèmes de distribution de courriers, les difficultés rencontrées par Mme N., enceinte, et son compagnon, au sujet du signalement de leurs trois enfants par les services sociaux, se sont accentués. Ils habitent une maison isolée et insalubre.
Au début de l’été 2010, les deux aînés (10 et 8 ans) sont placés dans deux familles d’accueil différentes afin que « leurs individualités puissent se développer ». Les droits de visite ont fondu comme neige au soleil pour finir par être supprimés en septembre, sans explication aux parents. Ces derniers ont fait appel.
Un groupe de soutien se forme
Mme N., malgré sa honte et les réticences de son compagnon, a confié ses problèmes au groupe local ATD Quart Monde. Cela lui a fait du bien. Un petit comité de soutien s’est mis en place afin de les aider à garder des liens avec les deux aînés et éviter le placement des deux derniers. Le concours d’une juge des enfants rencontrée via les comités « Solidaires pour les droits » et le livre Réussir la protection de l’enfance a été précieux à la famille. A la même période, l’association RELAIS leur trouvait un hébergement d’urgence, indispensable pour que l’accouchement de Mme N. se passe dans de bonnes conditions.
Deux objectifs !
Leurs soucis principaux étaient, d’une part, de garder des liens aussi forts que possible avec leurs enfants placés, de même qu’au sein de la fratrie et, d’autre part, de trouver un logement où ils se sentiraient bien sans « être assistés ». Dans le logement d’urgence, ils ne payaient pas de loyer, pas leur nourriture et étaient accompagnés pour leurs courses.
La situation se dégrade
Le comité de soutien avait proposé aux services sociaux que toute la famille puisse partir à la maison de vacances familiales de La Bise. A la fin de l’entrevue avec la juge, Mme N. et son compagnon ont signé un document incomplet. Les pages du jugement en assistance éducative leur ont été remises lorsqu’ils partaient. Ils ont écrit à la juge pour lui indiquer les points de désaccord. Celle-ci a transmis le courrier aux services sociaux, qui en réaction ont fait obstruction quant au départ des deux aînés en vacances. A cette occasion Mme N. a réalisé qu’elle avait vu ses enfants moins de 48 heures en un an!
La mobilisation se poursuit, malgré tout
Les conjoints, avec l’aide du comité, ont trouvé une avocate acceptant l’aide juridictionnelle. Malheureusement, celle-ci n’a pas voulu les laisser s’exprimer, ni même prendre en compte le témoignage de la personne du comité les accompagnant. Par ailleurs, tout le temps où ils ont été en logement d’urgence, Mme N. et son compagnon ont cherché à se reloger, et ont réussi, sans le soutien des services sociaux.
Une médiation mise en place
L’idée a surgi d’organiser une médiation entre les parents et les services sociaux. Un ami d’ATD Quart Monde en formation de médiateur a eu l’accord du juge des enfants pour proposer à titre expérimental une médiation entre la famille et les services sociaux. La juge des enfants a très vite accepté, ainsi que le service, malgré quelques réticences initiales. La responsable de la structure du placement a écouté ce qu’avaient à dire Mme N. et son compagnon et a reconnu un certain nombre d’erreurs commises par son service concernant le respect des droits des parents. Elle a dit qu’elle décidait de reprendre le dossier du début pour l’étudier AVEC les parents, et a accepté que les membres du comité les accompagnent lors des entretiens, si ceux-ci le désiraient. Après cette médiation réussie, Mme N. dit : « J’ai dormi comme un charme ! Je pense que beaucoup de choses vont s’arranger. Il y aura déjà moins de tensions à la maison, car la situation telle qu’elle était nous « bouffait ». Je n’angoisserai plus en laissant V à l’école, à l’idée qu’elle n’y serait peut-être plus le soir. Nous avons enfin le droit de reprendre espoir, même si le chemin du retour à la normale sera sûrement encore long. »