
Participer à la vie de la cité, le 23 mars 2014 et tous les jours de l’année
Olivier P. est conseiller municipal chargé de la citoyenneté dans une ville1 qui a fait de la participation de ses habitants un pilier de son action.
D’où vient ce projet de « faire avec les habitants » ?
Cela n’aurait pas de sens pour notre équipe municipale de se dire : « Nous occupons la mairie pendant six ans et nous ne nous représentons devant les citoyens que trois mois avant les élections pour demander : « Que pensez-vous de ce que l’on a fait ? » » Nous estimons que le travail d’élu consiste à être en contact permanent avec les citoyens. D’autant plus que l’on a construit le projet de la ville ensemble. Parmi les habitants – y compris ceux que l’on a le plus de mal à toucher – il existe des experts sur plein de sujets. Les élus ne détiennent pas la vérité à eux seuls.
Ce souci d’associer les habitants est-il aussi porté par le maire et les autres élus ?
Notre équipe municipale a choisi son capitaine très attaché et impliqué dans cette thématique du construire la ville avec les habitants. Nous avons fait pour cela des « élections primaires » locales avant les élections de 2008. Il est important que le capitaine d’équipe y croie et fixe le cap. Sinon, on peut vite se décourager.
Pour quelles raisons ?
Car associer les habitants demande de prendre du temps. On recueille des avis qui sont souvent différents. Lesquels prendre en compte ? Un autre frein est la culture des services municipaux. Les agents territoriaux n’ont pas beaucoup l’habitude de travailler avec les habitants. Comment les encourage-t-on, les forme-t-on ? Quelle place leur donne-t-on ? Plus largement, quelle méthode de participation citoyenne met-on en œuvre ? Si l’on n’a pas une méthode comprise et reconnue par les habitants et par les agents territoriaux, on passe pour des gens de bonne volonté, mais pas très sérieux.
Quelle est votre méthode ?
Nous avons rencontré d’autres villes qui nous ont aidés à bâtir nos outils de participation. Nous en avons élaboré cinq principaux : des comités d’usagers pour développer la qualité de certains services (le « Grand large »2, espace d’animation et de lien social, la médiathèque, etc.), des comités consultatifs pour faire des propositions aux élus (sur la vie associative, le développement durable, etc.), des ateliers thématiques en appui de projets et d’évènements (sur la mémoire de la ville, le vivre ensemble…), des réunions publiques sur le budget et sur des questions apportées par des habitants… et enfin, à chaque fois qu’un nouvel aménagement est prévu ou qu’un problème récurrent se pose (les incivilités, la vitesse de circulation…), des rencontres dans les quartiers avec les élus.
Les citoyens participent-ils ?
Oui. Ces outils sont ouverts à tous ceux qui le souhaitent – dans la mesure des places disponibles – et les élus tiennent compte des propositions qui sont faites. Toutes ne peuvent aboutir, car il faut bien sûr tenir compte des contraintes légales et budgétaires. Travailler ensemble signifie aussi tenter de concilier intérêt individuel et intérêt collectif.
Un exemple concret de participation ?
« Le Grand large », ce lieu de vie et d’activités situé dans un quartier très populaire, est piloté par un comité d’usagers d’une dizaine de membres qui se réunit une fois par mois. On rencontre là des personnes qu’on ne rencontre pas souvent ailleurs. Elles développent des savoir-faire et des projets qui ne verraient pas le jour si la mairie avait créé ce lieu seule. Car nous n’avons pas la connaissance de ce que les personnes vivent et de ce qu’elles attendent.
Propos recueillis par Jean-Christophe Sarrot
Photo : des habitants et des élus réfléchissent à des questions concernant leur commune lors d’un atelier de démocratie locale (photo DR)