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Paroles d’artistes présents à l’Olympia le 17 octobre 2017 : « Nous sommes des porte-parole et nous voulons agir »

Le 17 octobre 2017, une vingtaine d’artistes et de personnalités ont contribué gracieusement au spectacle « Agir en scène ». Dans le micro tendu par Claudy Siar, animateur de la soirée, ils/elles ont dit pourquoi ils avaient répondu présent à la sollicitation d’ATD Quart Monde.

Laurent Voulzy : « Je pense qu’il vaut mieux parler que se taire. Je n’ai jamais pris parti pour un parti politique. Quand on me demande si je fais de la politique, je dis : « je suis un allié d’ATD Quart Monde »… La force des artistes est d’attirer des gens et d’avoir une audience. Ça peut compter parfois. Une chanson, une parole, c’est une goutte d’eau, mais c’est important quand même. »

Awa Ly : « Trop de personnes pensent que l’on doit avoir peur les uns des autres, qu’on ne doit pas s’aider les uns les autres. Mais ceux qui pensent le contraire sont beaucoup plus nombreux et nous devons apprendre à faire autant de bruit que ceux qui veulent nous séparer… J’ai la chance de pouvoir porter à travers la musique des messages qui me tiennent à cœur. Comme je sais qu’il y a des milliers de personnes qui peuvent percevoir ces messages et à leur tour les faire passer, c’est impensable pour moi de ne pas utiliser ce moyen. On avance ensemble et on ne laisse personne derrière ! »

Christophe Willem : « Ce qu’on fait ce soir à l’Olympia, prendre le temps de s’unir tous ensemble, c’est quelque chose que l’on devrait prendre le temps de faire plus. Le travail d’ATD Quart Monde passe par la culture et par l’art. Parce que le plus difficile est de se sentir exclu, c’est important de permettre aux gens de s’exprimer, de se fédérer autour de projets. »

Isabelle Giordano : « Je voudrais saluer le travail des membres d’ATD Quart Monde. Avec vous, on change le monde, c’est possible. Dans « Agir en scène », ce qui est beau, c’est « agir ». Avec ATD Quart Monde, je sais qu’on peut agir de manière concrète et vraiment changer les choses… Avoir accès à la culture, c’est avoir accès à la parole, aux mots, à une forme de pouvoir. C’est aussi un combat. Quand tous ont accès à la culture et à l’éducation, cela peut changer les choses. Je remercie ATD Quart Monde d’offrir cet accès à la culture, notamment à travers les bibliothèques de rue, et aussi de faire voter des lois. La politique, c’est ATD Quart Monde qui la fait et qui la fait très bien. »

Faada Freddy : « Je me suis retrouvé à des moments de ma vie où il y avait tellement rien, je cherchais par terre des pièces pour nourrir mes enfants. Quand ça arrive, je voudrais dire qu’il ne faut jamais perdre espoir parce qu’il est donné à chacun l’opportunité de sortir ce qu’il a de meilleur en lui pour construire tout autour de soi. C’est ce que j’ai essayé de faire et que je continue de faire. »

Alan Stivell : « L’essentiel, c’est le respect pour l’autre. Vivre sur terre, c’est possible, et c’est tellement rageant si on ne peut pas réussir à vivre ensemble, que je suis aux côtés d’ATD Quart Monde. »

Nassi : « Je suis un jeune artiste. J’écris pour d’autres. J’ai envie de faire passer des messages, comme dans mes morceaux « Pas fatigué » et « La vie est belle ». J’ai bien compris que ce soir c’était le moment de faire valoir notre métier d’artiste et de porter un vrai message. »

Abd Al Malik : « Nous autres artistes, nous sommes mis en lumière. C’est important de connecter cette lumière à des choses concrètes et importantes de ce monde : à la solidarité, au fait de comprendre que c’est ensemble qu’on pourra véritablement changer les choses, que les pauvres, c’est aussi nous, qu’on a besoin les uns des autres pour changer de regard, pour que les choses changent concrètement, pour écouter les gens qui vivent véritablement ces problématiques dans leur chair, dans leur vie, ne pas stigmatiser et essayer d’apporter des solutions concrètes. On n’entend pas ça dans les médias ou chez les politiques, mais la réalité qui compte, c’est nous qui sommes ici ce soir. On va pousser les politiques à agir concrètement. Je crois dans la société civile, dans les femmes et les hommes qui se disent « on a tous une responsabilité les uns vis-à-vis des autres. Bousculons les politiques pour qu’ils comprennent comment ça se passe dans le vrai monde. » C’est nous qui avons ce pouvoir-là. Ça s’appelle la démocratie. »

Danakil : « On se présente comme ambassadeurs d’une musique, le reggae, qui a une identité militante forte. C’est cette connexion au monde qui m’a amené à cette musique. On vit avec et pour les gens. En tant qu’artiste, on a un rôle fédérateur. C’est avec plein de maillons qu’on fait une chaîne. C’est aussi une invitation à se mettre à la place des autres. C’est le sens de notre musique, de tout engagement, avec ATD Quart Monde et d’autres associations. On espère continuer avec ATD Quart Monde et d’autres associations à maintenir cet engagement et cette conscience collectifs. »

Chilla : « Les jeunes sont plongés dans le silence. On est une génération tellement exposée tous les jours sur les médias et les réseaux sociaux à des choses atroces qu’on intègre ça, ça se banalise, on pense que ce n’est plus la peine de parler des choses, alors que c’est nécessaire. On a peut-être tendance à se recentrer sur nous-mêmes et à ne plus faire attention à l’autre. C’est nécessaire qu’on change ça, qu’on aille plus vers les gens, qu’on essaie de comprendre comment certains se retrouvent dans des situations inadmissibles et qui ne devraient pas exister. Agir est le meilleur moyen, tous ensemble. »

Scylla : « Je suis un rappeur en quête de conscience plutôt que conscient. On dit qu’on reconnaît la valeur d’un peuple à l’état de ses pauvres. On a un système social qui garantit pas mal de choses pour les pauvres, mais on peut aller plus loin. »

Kery James : « Les artistes sont nécessairement engagés. À partir du moment où on prend la parole, on a une responsabilité et des choses à dire. On doit interroger la société. »

Rokhaya Diallo : « L’histoire de Gaétane(1) m’a beaucoup touchée. La HALDE (ancien Défenseur des droits) lutte contre toutes les discriminations. Il était très important de rappeler que les gens qui souffrent de la pauvreté souffrent non seulement sur le plan matériel, mais qu’ils sont aussi stigmatisés, et que ces stigmates les freinent au jour le jour. C’est pour cela que je suis très heureuse qu’ATD Quart Monde m’ait associée à cette soirée à l’Olympia. »

Mo’Kalamity : « Les choses changent quand on ressent de l’empathie pour l’autre. Les personnes qui sont ici ce soir représentent cela : le partage et l’unité. Je ne viens pas d’un milieu aisé. À travers mon histoire, j’ai pris conscience de l’importance du regard qu’on porte les uns sur les autres et de l’importance d’agir au quotidien. »

(1) : Gaétane Lanciaux, militante d’ATD Quart Monde dont Rokhaya Diallo a lu les combats sur la scène de l’Olympia (lire « Un combat contre la discrimination »). Abd Al Malik, lui, a lu le combat pour défendre un jeune sans-papier (lire « Enfin libre »). Isabelle Giordano a lu le récit d’une mobilisation collective autour de la musique, à Brooklyn (lire « Transformer sa communauté »).