Entrez votre recherche ci-dessous :

Parents militants, parents solidaires

solidaires1-1-cc5f5« L’école, on ne peut pas y venir uniquement quand il y a la sonnette d’alarme, quand il y a un problème avec votre enfant, votre enfant ne suit pas bien, votre enfant a des difficultés. Eh bien, non, on peut y venir avant, ça ne peut que faciliter justement cette prise de parole, ce contact avec la directrice, avec l’équipe pédagogique, de se dire, l’école, je connais ; du coup, on n’a plus peur. »
Ce témoignage recueilli pour la journée du réseau Ecole du 2 mars dernier, soulève la question centrale de la place des parents à l’école. Cette journée a été l’occasion de travailler en groupe de pairs (parents solidaires/parents ayant connu la pauvreté/professionnels de l’école) sur le thème de «TOUS les parents à l’école ». Cela a permis d’identifier les obstacles, les difficultés ressenties par chacun mais aussi de partager des pistes d’actions pour que tous les parents entrent dans l’école. Voir le compte-rendu : Difficultes_et_pistes_pour_la_rencontre_La_Villette_2_mars_2013
Parents solidaires, délégués de parents, parents militants, chacun a son propre vécu de cette question. Voici quelques extraits de témoignages :
« Un parent qui se sent éloigné de l’école, des autres parents, transmet ce lien compliqué à son enfant et s’il n’y a pas d’échange entre l’intérieur de la famille et l’extérieur, il risque d’y avoir repli et incompréhension de part et d’autre, et à la clé, des a priori qui s’érigent comme des murs. »
« Dans mes premières années de parent délégué, beaucoup de gens me disaient : j’irais bien à la réunion, j’irais bien m’inscrire pour être parent délégué mais j’ai peur, j’ai honte de parler devant les gens, je vais pas y arriver, on va rigoler de moi. »
« A partir du moment où on prend connaissance avec l’école, qu’on y met un premier pas, on se rend compte que c’est des gens comme tout le monde. »
« Si les enseignants ne sont pas bien dans leur peau, dans leur équipe, forcément, ça apporte des tensions. On le voit, on le ressent et ça ne peut pas fonctionner, donc ça freine. On ne peut pas vouloir instaurer de relations avec eux si eux, déjà, ça ne va pas. »
« On est beaucoup de parents quand même à oser maintenant dire : mais non, on n’a pas compris, on nous a mal expliqué, on n’a pas eu l’info ; au départ, on n’osait rien dire, point barre. »
« Je trouve que l’école de mes enfants ne fait pas ce qu’il faut pour que des parents qui ont peur de l’école, puissent rentrer sans se sentir jugés. Pour moi, la manière de recevoir les familles qui n’aiment pas l’école n’a pas beaucoup changé en 40 ans. »
« Le prof, je n’ai pas du tout envie de retourner le voir ! Il me glace ! Quand il dit que ma fille n’apprend pas ses leçons, je le ressens comme s’il me reprochait de ne pas m’occuper de ma fille pour ses devoirs. »
« En tant que parents, on peut demander à connaître les projets de l’école, on en a le droit. L’école se doit de nous les fournir, et du coup, c’est ça remplir notre place de parent, être là tout simplement : il ne s’agit pas d’ harceler les enseignants, d’être en permanence au portail, de demander ce qui s’est fait tous les jours dans la classe. Il faut que l’équipe enseignante sache qu’ils peuvent compter sur les parents et que nous on peut compter sur eux. C’est tout un accompagnement, c’est ensemble qu’on peut faire pour la réussite de nos enfants. »

Les initiatives et recherches sur la place des parents à l’école se multiplient et montrent que seuls la confiance et le temps permettent pas à pas d’amener les parents les plus éloignés de l’école à échanger avec les autres parents.
Le travail mené depuis 4 ans à Maurepas et qui a débouché sur un outil de formation (cf boîte à outils) révèle comment chacun, parent, enseignant a ses propres peurs par rapport à cette relation à établir.
Ce que nous disent les parents également c’est que la création de cette relation doit passer par des moments bien préparés, chaleureux et dont tous peuvent être fiers.

echos-4-d41a6Lyon – Bron : « C’est à l’école que débute la vie d’un citoyen »
Cette phrase résume à elle seule les résultats d’une enquête menée au collège T Monod de Bron auprès de parents ayant fait le choix pour leur enfant du collège de secteur optant ainsi pour la mixité sociale.
L’objet de cette enquête était de mettre en évidence :
– Les raisons, les motivations des parents qui ont décidé de jouer la carte scolaire
– L’intérêt pour les élèves d’évoluer dans un cadre où il y a une réelle mixité sociale
– Les conditions pour que cette mixité sociale réussisse vraiment
Ce qu’il en ressort en premier lieu, c’est que le moteur de cette volonté d’inscrire son enfant dans la mixité sociale par l’école est plus la citoyenneté que la solidarité. Un parent citoyen est un parent qui se sent concerné par la société. Au cœur de l’action de ces parents solidaires, qui disent mieux se reconnaître dans le terme de « parents citoyens », il y a un enjeu social : si notre société réapprend à vivre ensemble, elle s’en sentira grandie et plus forte.
Bref rappel du contexte :
Le collège T Monod a été créé en 2003 suite à la fusion de 2 collège dans le quartier de Parilly ; ce nouveau collège, classé Réseau Réussite Scolaire et Zone sensible, draine des élèves habitant deux types de quartiers très différents, l’un pavillonnaire, l’autre de barres d’immeubles. Au moment de cette fusion, quelques parents se sont engagés pour promouvoir le nouveau collège et éviter que d’autres parents ne fassent le choix de scolariser leur enfant ailleurs. Aujourd’hui, la dynamique est lancée, le groupe pionnier d’origine s’est renouvelé et continue à porter le projet.
Les motivations de parents :
– Que leur enfant apprenne à vivre dans la société telle qu’elle est
– Contribuer à stopper la psychose face à la différence : la différence est aussi une richesse, il faut côtoyer la différence pour l’accepter, apprendre à vivre avec les autres et en tirer le meilleur
– Transmettre à leur enfant les valeurs de respect, de partage, de citoyenneté
A la condition bien sûr que la réussite scolaire de leur enfant soit assurée. C’est donc là, la condition sine qua non du fait que les parents puissent se sentir solidaires et citoyens.
L’intérêt pour les enfants de vivre la mixité sociale :
– Avoir une vision plus réaliste de la société et aborder l’avenir peut-être plus sereinement
– Acquérir une qualité essentielle : la faculté d’adaptation
Les conditions de la réussite
– Un cadre serein, un bon encadrement
– L’absence de violence dans l’établissement
– Un personnel motivé et qualifié : suffisamment d’enseignants, des moyens matériels
– Une réelle motivation des enseignants pour transmettre le plaisir d’apprendre
– Savoir considérer l’enfant tel qu’il est et l’encourager ; pour cela, mettre en œuvre une formation adaptée à tous les enfants
– Avoir les moyens pour organiser beaucoup d’activités extra-scolaires ce qui permet de créer d’autres liens entre les enfants, les parents et qui permet de révéler d’autres talents
– Parents et équipes éducatives doivent faire confiance aux enfants, aux siens et à ceux des autres
– Etablir un véritable partenariat, dans la durée, avec les familles et le collège
– Etablir la communication entre tous les parents
Alors bien sûr, tout cela ne se fait pas sans difficultés et il est toujours aussi compliqué d’inclure dans une telle démarche les parents les plus éloignés de l’école mais l’expérience de ce collège qui dispose, grâce au RSS, de plus de moyens montre que cela peut produire des résultats.

Contact : Vincent Massart-Laluc
vml6pro@gmail.com

Saint Michel sur Orge : Une porte ouverte pas comme les autres dans une école maternelle
Que les enseignants montrent aux parents comment cela se passe en classe, c’est l’objet des Portes Ouvertes qui se tiennent dans bon nombre d’établissements une fois par an. A l’école maternelle Jules Verne, cela a aussi été l’occasion pour les enseignants de mieux connaître les quartiers où vivent leurs élèves et ce, grâce aux parents et aux enfants qui ont fait ainsi un beau cadeau aux maîtresses.
Partant du principe que les enseignants nouvellement arrivés dans l’école et n’habitant pas la commune ne connaissaient sans doute pas bien les quartiers où vivent leurs élèves, une maman a eu l’idée de proposer aux enseignants de découvrir ces quartiers. De là est née « l’exposition des familles » qui a consisté à demander aux parents et à leurs enfants de contribuer par des photos, des dessins, des anecdotes, des témoignages à présenter le lieu où ils vivent au quotidien. C’est la directrice de l’école qui a proposé que cette expo soit associée à l’opération Portes Ouvertes pour profiter du moment convivial et festif de Noël. Ce sont 25 à 30 familles qui ont participé, soit un peu plus de cinq par quartier. Les enfants ont aussi découvert qui étaient leurs camarades qui habitaient près de chez eux : en effet, chacun était invité à épingler son nom là où il habite sur la carte de la commune. Le tout s’est terminé autour d’un pot préparé par les parents.
Pour arriver à ce résultat, il a fallu :
– Un grand esprit d’écoute et d’ouverture de la part de l’équipe enseignante
– Une force de conviction du parent délégué à l’origine du projet pour convaincre les autres parents délégués de l’intérêt de cette action
– De la disponibilité et de la volonté de tous pour aller au-devant des parents dans chaque quartier ; les messages écrits n’ayant provoqué aucune réponse positive, il a fallu leur réexpliquer, les motiver, les mettre sur des pistes pour qu’ils choisissent le mode de participation qui leur convenait le mieux
Un regret toutefois : la difficulté d’attirer les parents les plus éloignés de l’école à cette première manifestation. C’est une question posée à tous et les chemins pour y arriver sont toujours longs. C’est pourquoi il va falloir faire germer les graines ainsi semées pour proposer d’autres initiatives : ainsi a été évoquée l’idée d’ateliers de création une fois par semaine pour préparer la kermesse de l’école. A suivre donc.

Contact : Gwenaëlle Duchateau
rgduchateau@yahoo.fr

boiteaoutils-5-f4800Famille, Ecole, Grande Pauvreté : quand parents et enseignants s’en mêlent
Un outil vidéo pour la formation des enseignants en cours d’expérimentation à partir du travail fait à Maurepas (Rennes)

Cet outil se compose de 5 modules de 10mn, ainsi que de leur transcription, traitant des thèmes suivants :
– Souvenirs d’école,
– Peurs réciproques,
– Entrée en relation
– Espaces pour les parents,
– Education partagée
Sur chacun de ces thèmes, des parents et des enseignants qui ont participé au projet s’expriment. Des documents permettent aussi de connaître le projet de Maurepas qui a permis de créer cet outil.
Nous invitons les membres du réseau école, qui participent à des formations, à expérimenter cet outil et à nous aider à le finaliser.
Pour y accéder
(une partie de l’outil nécessite un mot de passe pour y accéder de façon à réserver son usage dans un cadre de formation. Ce mot de passe sera donné aux formateurs sur simple demande à crdp.fegp@ac-rennes.fr)
Cet outil de formation doit être complété grâce aux expérimentations, d’ici la fin de l’année :
– Avec des récits de « mises en situation », en formation, où un enseignant, l’élève avec lequel l’enseignant rencontre des difficultés, le(s) parent(s) de cet élève, les autres acteurs de façon à réfléchir comment avancer, dans une situation que peut rencontrer un professionnel ou un délégué de parents d’élèves
– Il proposera aussi aux formateurs d’autres ressources : bibliographie sur les relations familles-école, présentation de co-formation, autres expériences intéressantes, partenaires à associer.

Les actions éducatives familiales (AEF)

Les AEF s’adressent à des familles dont les parents sont en situation d’illettrisme. Dans une démarche innovante, les AEF ont fait le pari que la mobilisation des parents est plus facile et plus forte au moment des grands temps de la vie scolaire de leurs enfants (entrée à l’école maternelle, au CP, à l’école élémentaire, en 6ème) un déclic peut alors se produire pour faciliter leur engagement dans une démarche de réacquisition des savoirs de base. Les parents sont les bénéficiaires directs de l’action qui repose sur un principe fondamental de « parité d’estime ».
A la suite de l’expérimentation conduite par l’Agence Nationale de Lutte Contre l’Illettrisme (ANLCI), un cadre national de référence a été élaboré en 2010/2011 (télécharger le guide ici)
Le développement de ces actions est prévu dans une cinquantaine de départements. Il est conduit sous la responsabilité des correspondants « maîtrise de la langue » et « prévention de l’illettrisme » des académies ou des départements, sous l’autorité des DASEN et/ou des chargés de missions régionaux « illettrisme ». Pour contacter le responsable de l’ANLCI de votre région, suivre ce lien

Réseau national de lutte contre les discriminations à l’école
Le réseau n’est pas un réseau de spécialistes maison réseau d’acteurs de l’école qui sont en recherche et qui travaillent chacun à leur niveau la question des discriminations dans l’institution scolaire. Il est ouvert à toute personne qui s’intéresse à cette question.

L’objectif général de ce réseau est de contribuer :
– A faire progresser la reconnaissance de ce problème public au sein de l’institution scolaire,
– A tisser des liens d’interconnaissance, d’échange et de mutualisation entre les acteurs d’ores et déjà engagés dans l’action sur cette problématique
– A développer et faire circuler des ressources
– Et d’abord un cadre référentiel commun, stable (mais non figé) et accessible pour et par l’ensemble des acteurs intéressés à s’engager dans ce travail.
Pour travailler sur la discrimination dans le champ scolaire, le réseau s’appuie sur la compréhension des mécanismes discriminatoires à l’école :
– La notion de discrimination renvoie à la problématique de l’(in)égalité de traitement, autrement dit la manière dont l’institution scolaire, son fonctionnement, ses dispositifs, les pratiques de ses agents, traite les publics et contribue à produire des inégalités qui s’expriment à la fois dans l’école et au-delà.
– L’école a une responsabilité dans le traitement de cette question.
– La question ne se laisse pas saisir ou dissoudre dans les thèmes politiques actuellement reconnus par l’institution : ni « problème d’intégration », ni « promotion de la diversité », ni «égalité des chances », ni « violence à l’école », ni « harcèlement entre élèves ».»…).

Contact : Stéphane Kus Institut Français de l’Education, stephane.kus@ens-lyon.fr
http://reseau-lcd-ecole.ens-lyon.fr
/

actualites-5-73201La loi sur la refondation de l’école entre l’Assemblée Nationale et le Sénat : avant le passage de la loi à l’assemblée nous sommes allés rencontrer (4 membres du Mouvement : Marie-Aleth Grard, Régis Félix, Clotilde Granado et Grégoire Sitter) les présidents des commissions éducation de l’Assemblée Nationale et du Sénat. Yves Durand accompagné de Martine Faure à l’Assemblée, et Marie-Christine Blandin accompagnée de Françoise Cartron au Sénat.
Par ailleurs, nous avons envoyé le livre « Quelle école pour quelle société ? » à tous les députés de la commission des Affaires Culturelles et de l’Education.
Lors de la discussion de la loi en commission Mr Durand a choisi de faire retirer l’article 3 de la loi ce qui a été accepté par la commission.
Ce retrait nous choque car l’article 3 est pour nous l’article fondateur de la loi et donc apporte des éléments essentiels pour cette refondation de l’école. Nous continuons donc à nous battre pour que cet article soit remis dans la loi, voici nos arguments résumés :l’école doit garantir la réussite de tous les enfants, tout enfant est capable d’apprendre, la coopération entre élèves et dans l’école permet la réussite de tous les élèves, cette coopération donne à chaque élève les valeurs essentielles de paix.
Nous espérons que lors du passage au sénat cet article retrouve sa place.

9 avril : Présentation du livre « Tous peuvent réussir : partir des élèves dont on n’attend rien » au Conseil économique, social et environnemental
Pourquoi l’école est-elle impuissante face à l’échec scolaire de beaucoup d’enfants et de jeunes de milieux très défavorisés ? Comment construire une école qui ne laisse personne sur le bord du chemin, une école qui permette la réussite de tous les élèves, y compris ceux qui sont le plus en difficulté ?
Pour répondre à ces questions, les auteurs ont analysé des pratiques pédagogiques qui ont fait la preuve de leur efficacité et ils nous livrent ici les savoirs d’actions, les clés qui leur ont permis de lever les obstacles. Ils nous amènent aussi à réfléchir sur ce que notre système éducatif et tous ses acteurs peuvent apprendre des parents, des jeunes, des enfants qui connaissent la grande pauvreté et qui savent, non pas ce qui manque à l’école, mais comment il faut la refonder pour qu’elle devienne vraiment l’école de tous.
De Régis Félix et onze enseignants membres d’ATD Quart Monde
Editions Quart Monde 144p 16,90€