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Oui, il faut un après-11 janvier

Suite aux événements tragiques en France, à la mobilisation civique, on entend dire qu’il doit y avoir un après. Oui, il faut un après, et agir pour que dans les quartiers, les villages… tous se sentent utiles à la construction d’une société fraternelle car comme l’exprimait si bien Joseph Wresinski : « Les plus pauvres nous le disent souvent : (…) le pire des malheurs est de vous savoir compté pour nul, au point où même vos souffrances sont ignorées. (…) Car c’est le mépris qui vous tient à l’écart de tout droit, (…) qui vous empêche d’être reconnu digne et capable de responsabilités. Le plus grand malheur de la pauvreté extrême est d’être comme un mort-vivant tout au long de son existence. »

J’écris ces lignes au lendemain des grandes marches républicaines qui ont eu lieu à travers la France et qui ont rassemblé près de quatre millions de personnes le week-end des 10 et 11 janvier. Le jour même du rassemblement à Paris, en raison de l’affluence record et des réseaux téléphoniques saturés, nous ne parvenons pas à tous nous retrouver entre membres du Mouvement et sommes dispersés parmi la foule. Je le vois comme un signe que ce qui nous unit par delà nos appartenances, c’est notre humanité, notre dignité d’être humain ; c’est le cœur même de l’engagement de notre Mouvement : « Agir Tous pour la Dignité » dans cette humanité diverse.

Devant nous, une pancarte citant Martin-Luther King : « Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots » nous rappelle que ce rassemblement se place sous le signe de la fraternité. De tous côtés, on peut lire sur d’autres pancartes : « Je suis Charlie, je suis juif, je suis musulman, je suis flic… ». Oui, nous sommes touMarche Républicaine_Paris 11 janvier 2015 Vivre ensembles de cette même humanité : « Je suis homme, et rien de ce qui est humain ne m’est étranger » disait Terence, esclave affranchi du 2è siècle avant Jésus-Christ.

Et puis un autre écriteau : « Je suis la solidarité entre les peuples ». Oui, n’oublions pas qu’au moment même où ces événements se déroulaient en France, d’autres peuples vivent depuis tant d’années des souffrances incommensurables comme au Nigéria où la secte Boko Haram a perpétré un massacre innommable, rasant 16 villages, semant la mort et provoquant la fuite de milliers de personnes.

En ce début janvier 2015, nous marquons le 5è anniversaire du tremblement de terre en Haïti. Un drame qui a provoqué un grand élan de solidarité. Quelles sont les suites des mobilisations ? Cinq ans après, reste le défi d’une reconstruction du pays avec tous. Les plus pauvres espéraient tant les opportunités d’emploi pour la reconstruction qui se fait malheureusement sans eux.

Christophe Géroudet

Délégué national d’ATD Quart Monde

(Crédit photo : Cyprien Vial, Paris 11 janvier 2015 marche républicaine)