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« On nous refuse le droit d’habiter quelque part… »

Le Comité solidaire d’Herblay dans le Val d’Oise a aussi remporté plusieurs victoires dans son combat pour les familles menacées d’expulsion du quartier dit LE BOIS DU TROU-POULET.

C’est là que des voyageurs sédentarisés ou des ménages, n’ayant plus que la caravane comme mode d’habitat, se sont installés au fil des ans,, propriétaire, locataires ou sans titre. Un Comité de soutien se bat depuis 2004 pour éviter leur expulsion et obtenir des relogements.

Grâce à sa mobilisation, le comité a contribué à éviter le recours à la force publique contre les familles qui ont par la suite rencontré la Sous-Préfète d’Argenteuil. Cette dernière a ainsi découvert en chair et en os une réalité à laquelle elle ne pouvait plus être indifférente : la misère. Sur les cinq ménages qui ont fait des demandes de logements sociaux, quatre ont été relogés. La promesse a été faite à deux autres ménages de leur accorder des terrains familiaux. La Réclamation collective1 déposée par ATD Quart Monde et qui a abouti à la condamnation de la France le 5 juin 2008, a aussi beaucoup joué.

Malheureusement, quelques familles vivent encore dans de terribles conditions, ce sont celles qui, sous la menace de l’expulsion, avaient choisi de quitter le Bois du Trou-Poulet dès 2005.

Trois familles dans l’errance

Après avoir fui le Bois du Trou-Poulet, trois familles ont connu une longue errance. Elles se sont rendues en Normandie, à Avranches et à Saint Hilaire, mais les aires d’accueil où elles avaient trouvé refuge ont été fermées pour cause de remise aux normes. Elles ont essayé de revenir au Bois du Trou Poulet, vainement : la mairie les a obligées à quitter les lieux dans un délai de 48 heures. Elles se sont alors installées sur un terrain que l’une d’entre elles a acheté sur la commune de Saints (77). Le Maire de la commune de Saints a accepté de scolariser certains de leurs enfants au primaire mais leur a intimé l’ordre de quitter le terrain d’ici trois mois. Le terrain n’étant pas constructible, elles ne peuvent en effet y résider durablement. Que feront-elles, où iront-elles quand les trois mois seront (vite) écoulés ? comment seront scolarisés les enfants ? A ce jour, nul ne le sait.

Une famille de six enfants vit dans une camionnette sur un parking

Une autre des familles ayant quitté le Bois du Trou-Poulet vit actuellement à huit, dont six enfants, dans une camionnette garée sur un parking de Seine-et-Marne. Le père, de plus en plus malade, ne peut pas exercer sa profession d’artisan s’il n’est domicilié nulle part. Les enfants n’ont été scolarisés que six mois en quatre ans. Tous vivent dans la hantise d’une intervention des forces de police.

L’errance, l’exclusion au quotidien

Comme dit l’un des membres de ces familles : « On nous a refusé le droit d’habiter quelque part. » « Vivre cette errance, c’est aussi vivre l’exclusion au quotidien, la défiance, le regard des gens. C’est très difficile de vivre ainsi. Il faut pouvoir tenir côté moral. »

Michel, d’ATD Quart Monde Val d’Oise, vient ainsi d’écrire au Préfet du Val d’Oise :

« Nous ne pouvons plus accepter que des familles soient ainsi condamnées à vivre dans la misère et dans une totale indifférence. Nous ne pouvons plus accepter que leurs enfants soient, de fait, privés de la scolarité à laquelle ils ont droit et que leurs parents souhaitent pour eux.

Aussi, nous vous demandons une audience de toute urgence pour vous faire part de la situation et obtenir des garanties fermes que ces familles pourront stationner quelque part en toute décence et y scolariser leurs enfants, dans l’attente d’une solution définitive. »

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1 Réclamation collective déposée auprès du Comité européen des droits sociaux, pour non application de la charte sociale européenne sur le droit au logement des personnes vivant en situation de grande pauvreté.