
« On a deux mains, deux pieds, un cœur, on est tous égaux »
À l’occasion des 30 ans de la Convention internationale des droits de l’enfant, le Défenseur des droits a recueilli la parole d’enfants et d’adolescents de différents milieux sociaux.
« J’ai des droits, entends moi », tel est le titre de la consultation organisée depuis le début de l’année 2019 par le Défenseur des droits. Des ateliers organisés dans toute la France ont ainsi permis à près de 2000 jeunes de moins de 18 ans d’exprimer des propositions et des interrogations au sujet de leurs droits. Le résultat de ces réflexions sera remis le 20 novembre 2019 au Comité des droits de l’enfant de l’ONU pour dresser un état des lieux des droits de l’enfant en France.
Ouerdia, Evelina, Marinela et Veni ont participé à cette consultation. Venues d’Algérie, de Moldavie et de Turquie, elles ont entre 10 et 13 ans, vivent dans un hébergement d’urgence de la région parisienne et participent régulièrement à une Bibliothèque de rue animée par ATD Quart Monde. Elles se souviennent des droits évoqués lors des ateliers auxquels elles ont participé : « On a tous le droit d’aller en vacances, de vivre avec nos parents, d’aller à l’école, de partir en voyage, d’aller se faire soigner… » énumèrent-elles en chœur. Mais certains de ces droits semblent assez éloignés de leur quotidien.
Vivre dans des conditions décentes
Avec leurs mots, elles demandent avant tout le droit de vivre dans des conditions décentes, dans des lieux « où l’on ne trouverait pas de la drogue partout, où l’on protégerait les enfants, où il n’y aurait plus de rats, de punaises ou de cafards et où il n’y aurait plus d’insultes ». Elles citent aussi le droit de « manger correctement, dans des maisons où il n’y a pas seulement un micro-ondes pour cuisiner ».
En apercevant l’une de leurs amies, elles pointent également l’importance du droit d’aller à l’école, car l’adolescente venue de Tchétchénie « change tellement souvent de lieu d’hébergement qu’elle ne peut pas y aller », regrettent-elles. « Si on va à l’école, on peut avoir un métier, donc avoir de l’argent, donc on peut vivre », résument-elles.
Tous pareils
Malgré leurs conditions de vie difficiles, elles estiment que « la France a des bons droits pour les enfants ». Chacune évoque alors des reportages vus à la télévision sur « des pays où des enfants doivent aller à la guerre, ou chercher à manger dans des poubelles et où les parents n’ont pas les moyens d’acheter des couches ou des chaussures pour leurs enfants ». Toutes semblent très marquées par ces images.
« Moi, je veux que tous les enfants puissent réaliser leurs rêves. On est tous pareils, on a deux mains, deux pieds, un cœur, on est tous égaux, donc on devrait tous avoir les mêmes droits », conclut Ouerdia. Julie Clair-Robelet, ATD Quart Monde
Photo : Evelina, Ouerdia, Veni et Marinela © JCR, ATDQM.