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On a chanté à la Philharmonie !

Sophie Maréchal et Pascaline Moinet, volontaire et militante d’ATD Quart Monde, ont chanté à la Philharmonie de Paris le 3 février dernier. Elles racontent cette belle aventure.

« Quand le public a applaudi l’entrée des 120 choristes de notre Opéra, dans la grande salle des concerts de la Cité de la musique, j’ai ressenti une intense émotion et une grande fierté de chanter dans un endroit si prestigieux. Nous étions des artistes ! Puis tout s’est passé très vite, tellement j’étais concentrée et attentive à suivre notre chef Hiroshi. Un peu stressée au début, mais dès qu’on a tapé des pieds pour mimer la folie de Mollie Fancher, j’ai senti ma peur s’envoler et j’ai chanté avec assurance jusqu’à la fin. »

Pour Pascaline, plus habituée aux planches de théâtre qu’à donner sa voix dans un concert, cette expérience de participer à un Opéra contemporain était inédite et non sans défis.

Le projet porté par l’Ensemble vocal Sequenza 9.3, dirigé par Catherine Simonpietri, avait l’ambition de réunir 4 chœurs autour d’une Création de la compositrice italienne Lucia Ronchetti, « Inedia Prodigiosa » : l’Ensemble féminin Sequenza 9.3, un chœur de jeunes filles du Conservatoire d’Aubervilliers, un chœur d’hommes professionnels et un grand chœur amateur de 80 femmes de Seine-Saint-Denis dont certaines chantaient pour la première fois, comme Pascaline.

Concert à la Philharmonie le 3 février 2019 – ©Bruno Levy

Le choeur amateur, l’expression populaire des oubliées de l’Histoire

Le chœur amateur représentait l’expression populaire de femmes de toute l’Europe oubliées de l’Histoire, marginalisées par leur démarche de jeûne et d’ascèse spirituelle, prises pour des « folles » ou des « possédées », dans une société dominée par la parole masculine (scientifiques, médecins, hommes d’église, du Moyen-Age à nos jours). Avec des gestes, des sons presque criés, des modulations saccadées, des improvisations, l’alternance de moments harmonieux et d’autres plus dissonants (avec des « glissendo »), les femmes exprimaient de fortes émotions, proche du jeu théâtral, tandis que s’élevaient les voix pures et mystiques des jeunes filles, auxquelles répondaient les voix d’hommes, contestataires, ou celles, magnifiques et ciselées, du chœur professionnel de femmes.

Pour réunir ces voix féminines du 93, la responsable du projet, Claire Leroux, a pris contact avec diverses associations engagées avec un public populaire, comme ATD Quart Monde. Une militante et une volontaire permanente se sont lancées dans l’aventure, qui a commencé fin septembre 2018 et s’est clôturée par une représentation à la Philharmonie dimanche 3 février, devant une salle comble. Au rythme d’une répétition de 2 heures puis de 4 heures le samedi, et d’un week-end entier à la Philharmonie, le chœur de femmes amateurs venues de tout le 93 a pris ses marques et s’est familiarisé avec une écriture contemporaine, même s’il aura fallu attendre les dernières répétitions pour découvrir le travail des autres chœurs et voir la beauté finale de l’oeuvre !

Concert à la Philharmonie le 3 février 2019 – ©Bruno Levy

« J’ai appris à chanter, à découvrir ma voix, à prendre confiance en moi. »

Un travail de la voix qui a beaucoup plu à Pascaline, et qui l’a emmenée au-delà de ce qu’elle se croyait capable. Il a fallu apprendre un texte en plusieurs langues (italien, anglais, latin), découvrir l’écriture musicale, le travail du rythme, apprendre à écouter les autres et surtout sa propre voix, chercher ensuite à s’ajuster en faisant des exercices en petit groupe. «J’ai appris à chanter, à découvrir ma voix, à prendre confiance en moi. Ce qui m’a aidé, c’est la bonne ambiance du chœur, les tutos qu’on pouvait réécouter chez nous et le travail que j’ai fait avec Marie-Cécile. On a travaillé sur l’écoute, j’ai pris conscience de ma voix et pu entendre et reproduire des sons que je ne percevais pas avant. Elle m’a encouragée : tout le monde peut chanter, il faut juste apprendre et se sentir en confiance pour donner ce qu’on a au fond de soi ! ».

Fierté d’avoir réussi quelque chose qui paraissait impossible et d’avoir touché le public. « Mon mari était là, et il a été impressionné ! »

Même si, pour sa prochaine expérience en public, Pascaline se verrait bien à nouveau sur les planches… mais d’un théâtre !

Sophie Maréchal et Pascaline Moinet

 

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Un week-end berio plein d’inattendu à la philharmonie de Paris

(photos : Bruno Levy #inseinesaintdenis.fr )