
« Nous avons dû nous battre pour être respectés et entendus »
Nous avons des problèmes avec la professeure de latin, la limite est atteinte, je vais réagir. Renaud m’a raconté hier dans la voiture (c’est toujours dans ces moments qu’il « sort ce qu’il a à dire ») : Tu sais qu’elle m’appelle toujours le plagiste et là, elle m’a dit, lorsque j’étais au tableau : « Si j’étais toi, je ferai brûler un cierge pour ne pas m’avoir l’année prochaine en tant que professeur de français. »
Renaud suit des cours de latin en option depuis la cinquième. Il est un élève sérieux, studieux, au comportement sans histoire, obtient de très bons résultats en latin, comme dans l’ensemble des matières.
L’an passé, j’ai dû l’emmener avec moi pour un séjour de classe de mer durant 4 jours (de sérieux soucis familiaux de santé en ont modifié l’organisation). A son retour, la professeur l’avait accueilli par ces paroles : « Ah ! le plagiste est de retour ! » A partir de ce jour, c’est ainsi que Madame V l’interpellait.
Début du mois de mai, un nouveau deuil est survenu dans notre famille, nous nous sommes absentés pour la sépulture, ce qui a entraîné deux jours d’absence. Au retour, malgré le mot d’explication figurant dans le carnet de correspondance, Renaud s’est fait accueillir par Mme V: « Il a son mot, le plagiste ? » Elle a aussi rectifié sa pensée à propos de l’an prochain : « Ce serait plutôt à moi de brûler un cierge pour ne pas t’avoir l’an prochain en cours. »
J’ai donc décidé de prendre rendez-vous avec la principale de collège car nous estimons, son père et moi, que notre enfant est humilié et menacé. Le rendez-vous avait eu lieu une semaine plus tard pour cause d’agenda de la principale de collège. J’ai présenté un courrier exposant les faits, nos souhaits et décisions. Renaud n’ira plus en latin pendant quelques semaines, le temps de réfléchir aux choix pour l’année prochaine en 3ième, et l’assurance qu’il ne sera pas avec cette professeure en cours de Français.
Cette demande a été extrêmement mal acceptée et considérée, nous avons dû, en quelques sortes, nous battre pour être respectés et entendus. La professeure a reconnu avoir utilisé ce vocabulaire, mais jamais dans les situations expliquées par mon fils, la principale nous a reproché les démarches « exagérées », ne s’agissant pour elle que d’humour. Aucune excuse n’a été formulée. Mon fils a subi des remarques de la part de la surveillante générale.
Si Renaud avait manqué de respect envers ce professeur, il aurait été sanctionné et nous aurions trouvé cela normal. Nous avons été choqués et outrés par les propos tenus par cette professeure envers notre fils mais également par le manque de respect et d’attention que nous a présenté le chef d’établissement de ce collège.
Nous avons la chance, mon ex-mari et moi, d’être dans des situations sociales et intellectuelles privilégiées qui nous ont tout de même permis de tenir bon face aux discours réducteurs, autoritaires et corporatistes. Nous avons réussi faire accepter nos décisions même dans l’adversité.
J’ajoute deux « détails » :
– Le collège de M est un établissement public alors, l’évocation des cierges ?….
– Dans l’établissement privé où mon fils aîné est en seconde, des professeurs lui ont présenté leurs condoléances, au retour de la sépulture de leur grand-père.
Je pense aux familles qui n’ont pas cette force, cette connaissance des codes de l’école, lorsque leur enfant se trouve dans des situations analogues. Comment réagissent-ils ? Ces enfants souffrent-ils en silence ?