
« Notre avis a de l’importance »
Sept « assises interrégionales » du travail social sont en cours d’organisation partout en France entre janvier et octobre 2014 pour préparer les États généraux. Des membres d’ATD Quart monde à Chalon-sur-Saône ont participé aux assises de Lyon le 8 avril, centrées sur les politiques de lutte contre les exclusions et sur la participation des personnes concernées. Voici deux extraits de leurs interventions(1).
« Une chose importante, c’est le regard qu’on porte sur nous. Quand on rencontre quelqu’un, quand on parle avec quelqu’un, on sent tout de suite si la personne nous croit capable ou si elle nous croit incapable. Avec une autre dame de notre groupe, nous avons vécu la même chose. Il y a quelques années, toutes les deux, on n’arrivait pas à dialoguer avec les personnes des services sociaux ou de la tutelle. On avait l’impression qu’elles nous prenaient pour des enfants. Elles prenaient toutes les décisions pour nous et on avait l’impression que ce qu’on pouvait dire n’avait pas d’importance. Aujourd’hui, pour l’une comme pour l’autre, les choses ont changé. Nous sentons qu’on porte sur nous un autre regard, qu’on nous croit capables et que ce que nous disons est pris au sérieux. Pourtant, j’ai l’impression que je n’ai pas changé, que je me suis toujours battue de la même manière, avec la même force. Il faut qu’on porte sur nous un regard où on se sent respecté, un regard où se sent reconnu comme des personnes capables, autrement on ne peut pas participer. » (Josianne Stienne)
« Ce qui m’a le plus marqué dans ce travail de préparation, c’est de sentir combien plusieurs personnes du groupe regrettaient qu’on ne leur ait pas demandé plus souvent leur avis. Certaines personnes du groupe n’imaginaient pas qu’elles puissent le donner. Lorsqu’on parle de participation, je trouve que c’est important de penser aux personnes qui, pour une raison ou une autre, ne pensent pas que leur avis a de la valeur. Permettre à ces personnes de donner leur avis demande du temps, beaucoup de temps, et parfois les circonstances dans lesquelles se déroulent les projets de participation ne laissent pas ce temps qui est nécessaire. Il y a des conditions pour permettre la participation de tous, et c’est important de redire et rappeler sans cesse quelles sont ces conditions. » (Geneviève Eglizeau)
Sur la photo, au premier plan, les délégués de Chalon-sur-Saône le 8 avril aux assises de Lyon.