
« Nos amis Roms expulsés des terrains à Marseille »
Témoignage de septembre 2011 de l’équipe du Secours Catholique de Marseille :
«Voisins, habitants du quartier, citoyens de Marseille ont raison de se mobiliser face aux situations inacceptables dans lesquelles vivent les familles Roms. Les familles Roms n’avaient pas de WC, ils faisaient leurs besoins là où ils le pouvaient, donc parfois au nez des voisins ou du collège situé de l’autre coté de la rue. Les ordures n’étaient pas ramassées donc elles s’entassaient sur le terrain, si bien que nous avons organisé avec l’équipe Action Roms un nettoyage du terrain, complété par Veolia, le propriétaire du terrain. Nous pouvons témoigner que de nombreux citoyens français ont aidé ces familles, touchés par la misère dans laquelle ils sont contraints de vivre.
Nous avons créé des liens forts avec les familles, nous avons fait des ateliers avec les enfants, scolarisé des enfants, fait des aides pour les papiers administratifs. Nous nous sommes battus avec l’aide d’un avocat pour reculer la date d’expulsion.
Nous avons fait la fête ensemble, partagé des repas, sommes allés au théâtre, et participé à la Caravane de la Fraternité…
Nous en étions à la possibilité de créer un Conseil des familles Roms avec des représentants de famille ce qui aurait permis aux familles Roms d’organiser la vie sur le terrain et de se détacher de certains réseaux toxiques qui exploitent les plus faibles. Mais que faire quand en tant qu’association de lutte contre la pauvreté et reconnue d’utilité publique, ces mêmes pouvoirs publics qui disent reconnaître notre action nous mettent des bâtons dans les roues !?
La volontaire de l’Action Roms et les bénévoles avaient organisé une présence sur le terrain dès 6h du matin à partir du 15 septembre, date de l’expulsion officielle. Des partenaires nous ont soutenus, tels les éducateurs de l’ADDAP13, Médecins du Monde, Rencontres Tsiganes et l’AMPIL. Mais ce matin du 20 septembre nous étions persona non grata sur le terrain, le quartier était bouclé par plus d’une cinquantaine de policiers en armure «robocop» comme si les familles apeurées, avec leurs poussettes et leurs enfants, allaient sortir les kalachnikovs!
Nous avons fait le constat absurde que la police a peur des Roms ! Sinon pourquoi tant de moyens mis en œuvre ? Les Roms eux sont terrifiés et ne savent pas où aller ! En un an de présence sur les terrains auprès des Roms nous n’avons eu aucun, vraiment aucun problème ni sentiment d’insécurité ! Mais ce matin du 20 septembre, pour la première fois au terrain de la Capelette nous avons eu peur, peur de notre police sensée nous protéger ! On est loin des clichés des réseaux mafieux «gitans» circulant en Mercedes que véhiculent certains de nos concitoyens, trop ignorants des réalités pour ne pas taxer d’utopistes ceux qui se battent pour leur liberté.
En réalité il n’y a qu’une solution proposée : rentrez chez vous ! Mais comment fait-on lorsque l’on n’a pas de chez soi ?
Ce que nous attendons n’est pas utopique : Nous demandons un lieu, un espace où nous pourrions proposer à des familles, et notamment les plus faibles, de poser leurs valises, d’apprendre le français, d’aller à l’école, de trouver un travail, de créer des liens amicaux. Nous proposons à chacun les droits fondamentaux que notre démocratie prétend avoir inventée et qu’elle se doit sans cesse de défendre!
A début juin 2012, la situation n’a pas changé et s’est même aggravée.»