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Idées Fausses : « Les immigrés font baisser des salaires et prennent des emplois aux Français » C’est faux !

Faux . A terme, l’immigration a un impact nul ou positif sur l’emploi.

En France, en 2010, un dixième de la population active était immigrée. On entend parfois dire que si des travailleurs issus de l’immigration retournaient dans leur pays d’origine, cela ferait autant d’emplois libérés pour les chômeurs français. Ce raisonnement est erroné.

Redisons tout d’abord que la France n’a délivré en 2018 que 33 500 titres de séjour pour motif économique. L’afflux annuel de travailleurs immigrés en France est très faible.

Dans les pays de l’OCDE, « la probabilité que les immigrés accroissent le chômage est faible à court terme et nulle à long terme[1] ». Des études observent même un effet positif de l’immigration sur l’emploi. Pour que qui est de la France, les immigrés en provenance de pays tiers ont significativement contribué à la croissance du PIB par habitant et à la baisse du chômage entre 1994 et 2008[2].

On observe depuis des décennies dans tous les pays que lorsque la population croît, cela accroît en effet la taille du marché et de la richesse du pays (idée fausse 57) et donc cela crée de nouveaux emplois : en France, la population en emploi est ainsi passée de 21,2 millions en 1921 à plus de 25 millions en 2014. C’est pourquoi l’ensemble des études ne constatent pas d’impact particulier à terme de l’immigration sur les salaires et le chômage (même si l’on constate souvent, pendant une période d’ajustement de 1 à 5 ou 10 ans, une légère baisse des salaires des natifs concernant les qualifications qui correspondent à celles des travailleurs immigrés[3] et une légère hausse des salaires concernant les qualifications complémentaires) : au-delà de ces périodes d’ajustement, l’immigration est en réalité comparable à une augmentation proportionnelle de la population, de l’emploi et de la production sans incidence sur le niveau du salaire moyen et sur le niveau de chômage.

Le taux de chômage est élevé en France par rapport à d’autres pays qui accueillent une immigration plus importante, comme les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Allemagne (qui a, il est vrai, une natalité très faible). L’immigration ne joue donc pas une part prépondérante et négative dans le niveau du chômage et des salaires. La libre circulation des capitaux qui se délocalisent dans les pays où la main-d’œuvre est moins chère (idée fausse 64) a un impact plus important.

[Article mis à jour en décembre 2019]

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[1] O. Damette, V. Fromentin, « Migration and labour markets in OECD countries : a panel cointegration approach », Applied Economics, 2013.

[2] H. D’Albis, E. Boubtane, D. Coulibaly, « Immigration et croissance économique en France entre 1994 et 2008 », 2013 et « Immigration Policy and Macroeconomic Performance in France », Annals of Economics and Statistics, n° 121/122, 2016 ; E. Moreno-Galbis, A. Tritah, « Effects of immigration in frictional labor markets: theory and empirical evidence from EU countries », TEPP Working Paper, 2014 ; voir aussi l’idée fausse 57.

[3] L’existence de salaires minimums limite ces baisses temporaires de salaires : A. Edo, H. Rapoport, « Minimum Wages and the Labor Market Effects of Immigration », IZA Discussion Paper, n° 11778, 2018.