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Une recherche pour mesurer la pauvreté avec les premiers concernés

ATD Quart Monde lance avec l’université britannique d’Oxford une recherche participative sur de nouvelles mesures de la pauvreté où les personnes touchées sont des co-chercheurs. Une première.

Mesurer la pauvreté, pour ensuite mieux la combattre, c’est aussi la comprendre dans toutes ses dimensions, le manque de ressources financières mais aussi le sentiment d’exclusion et le repli sur soi, la honte d’être inutile aux yeux des autres… Pour ATD Quart Monde, on ne peut y parvenir qu’en associant les principaux concernés : les personnes les plus exclues.

Pour la première fois, une recherche internationale va être menée avec la participation non seulement d’universitaires et de praticiens – enseignants, travailleurs sociaux… -, mais aussi de personnes en situation de pauvreté qui seront co-chercheurs, traitées sur un pied d’égalité avec les autres. Son intitulé : « Déterminer les dimensions de la pauvreté et leurs mesures avec les premiers concernés ».

Croisement des savoirs

Cette recherche sera menée avec la méthode du Croisement des savoirs développée depuis vingt ans par ATD Quart Monde. Il s’agit de faire travailler ensemble des personnes d’horizons divers : des praticiens qui sont au contact de populations exclues, des universitaires qui ont des connaissances académiques et des personnes vivant la pauvreté qui ont des savoirs tirés de leur expérience.

Les participants sont issus de sept pays. Quatre – Bangladesh, Tanzanie, France et Royaume Uni – sont au coeur de la recherche. Les trois autres – États-Unis, Ukraine et Bolivie – développent des projets satellites, de dimensions plus modestes.

Indicateurs imparfaits

Le projet s’achèvera en juin 2019. Il débouchera sur des propositions pour mesurer la pauvreté, qui seront travaillées ensuite par des statisticiens pour définir de nouveaux indicateurs.

Point de départ : les indicateurs actuels de pauvreté (voir ci-dessous) sont imparfaits. Elaborés le plus souvent de façon technocratique, ils font la part belle à la dimension monétaire au détriment des autres – la marginalisation, l’absence de pouvoir politique… Alors que l’Assemblée générale des Nations Unies s’est fixé pour objectif d’ « éradiquer la misère sous toutes ses formes dans le monde », mieux définir ses contours est devenu une question majeure.

 

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Les multiples façons de mesurer la pauvreté

Les indicateurs officiels sont le plus souvent centrés sur l’aspect monétaire mais ils ont évolué. Tour d’horizon.

Pour l’Organisation des Nations unies (ONU) et l’Union européenne (UE), une famille est pauvre si son revenu se situe sous un seuil de pauvreté défini à 60 % du revenu médian de la population.
En France, l’Insee mesure aussi le nombre de personnes ayant un revenu inférieur à 50 % – le seuil de grande pauvreté – et ayant un revenu inférieur à 40 % – le seuil de très grande pauvreté.
Aux États-Unis et au Canada, on compte le nombre de personnes qui ne peuvent pas s’offrir un  » panier  » de biens et de services de base.
En France en 2014, l’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale a aussi défini un panier en associant des personnes confrontées à la pauvreté : le  » budget de référence  » minimum est ainsi de 1 424 € par mois pour une personne seule locataire en HLM.
Chaque année, l’Insee (ainsi que des indicateurs européens) mesure également la  » pauvreté en conditions de vie  » en comptant les personnes qui cumulent des difficultés ou privations dans 4 domaines : consommation, insuffisance de ressources, retards de paiement, difficultés de logement. En 2013, en France, le taux de pauvreté en conditions de vie était de 12,8 %.
Enfin en 2010, le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) a élaboré l’ «  indice de pauvreté multidimensionnelle  » . Les personnes sont définies comme pauvres ou risquant de le devenir en fonction des privations qu’elles subissent dans 3 domaines : santé, éducation et conditions de vie. Plus complet, cet indicateur n’a toutefois pas été retenu comme indicateur principal des Objectifs de développement durable.

Dossier réalisé par Jean-Christophe Sarrot et Véronique Soulé

A lire aussi les témoignages des différents acteurs de cette recherche dans l’article « La pauvreté  a trop souvent été pensée sans les pauvres  » – http://atdqm.fr/dp53g

Légende photo: Le professeur Robert Walker, d’Oxford, prend la parole au séminaire de Villarceaux le 9 septembre 2016. A ses côtés, Xavier Godinot, qui coordonne la recherche avec lui (CM, ATDQM)