
Mesurer autrement la pauvreté: ATD Quart Monde participe à une recherche internationale
ATD Quart Monde lance avec l’université d’Oxford une recherche participative sur de nouvelles mesures de la pauvreté. Xavier Godinot la coordonne pour le Mouvement.
Comment tout a commencé ?
Nous avons réalisé une évaluation des Objectifs du Millénaire pour le Développement, qui a montré que ce qu’on fait pour les populations pauvres sans elles, se retourne contre elles. On mène des politiques de lutte contre la pauvreté avec des indicateurs définis sans les populations concernées. Il faut prendre le problème à la racine et travailler avec elles. Un professeur de l’université d’Oxford, Robert Walker, auteur d’une recherche internationale sur la pauvreté et la honte, s’est rapproché de nous. Nous avons décidé de travailler ensemble.
Quel est le but de cette recherche ?
Son titre est: « Déterminer les dimensions de la pauvreté et leurs mesures avec les premiers concernés ». Le chiffre de 1,90 dollar par jour censé la mesurer ne prend en compte que la dimension monétaire. Or il en existe beaucoup d’autres – la honte, l’exclusion, l’absence de pouvoir politique…
Ce que nous cherchons, c’est faire prendre en compte la voix et la pensée des plus pauvres, et faire avancer avec eux la pensée globale sur la pauvreté. Le projet sera mené avec la méthode du croisement des savoirs qu’il faudra adapter aux pays partenaires de cette recherche – Bangladesh, Bolivie, Tanzanie, et Royaume Uni. Les personnes en situation de pauvreté seront considérées comme co-chercheurs à égalité avec les universitaires et les praticiens – enseignants, travailleurs sociaux… C’est un énorme défi de faire dialoguer à égalité des personnes ayant fait de longues études avec d’autres ayant été peu scolarisées.
Vous êtes prêts ?
Un séminaire international de lancement aura lieu en septembre. La recherche, prévue sur trois ans, s’achèvera en juin 2019. Elle débouchera sur des propositions pour mesurer la pauvreté qui devront être travaillées avec des statisticiens pour définir de nouveaux indicateurs. L’Agence française de développement assure 44% du financement pour ce qui nous concerne. Nous cherchons les 56% restants.
Propos recueillis par Véronique Soulé