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Message collectif d’Atd Quart Monde Alsace pour le 17 octobre 2009, journée mondiale du refus de la misère

Ce texte a été préparé avec des participants de l’université populaire Quart Monde d’Alsace (alliés, militants, et volontaires), à partir des travaux des universités populaires Quart Monde européennes.

Nous sommes réunis ici aujourd’hui, comme dans de nombreux endroits dans le monde, pour dire notre refus de l’inacceptable, notre refus de la misère, aux côtés des personnes qui vivent l’exclusion et l’extrême pauvreté.

Pour nous tous, citoyens, cette journée est l’occasion d’entendre publiquement ceux qui habituellement sont réduits à leurs difficultés, et en sont souvent jugés responsables.

Entendre le témoignage de leur lutte permanente pour faire appliquer les droits et combattre la pauvreté au quotidien.

Cette journée permet de dénoncer des faits concrets et de les mettre face aux textes de lois.

C’est une journée où l’on ne doit oublier personne.

Même si l’on vit des choses difficiles au quotidien, le fait de se rassembler pour une cause commune permet de se sentir reconnu comme acteur, de manifester sa dignité d’homme ou de femme.

Ce combat pour « l’accès aux droits pour tous » se poursuit tout au long de l’année, mais une journée comme celle-ci permet de s’arrêter un moment, pour évaluer, pour échanger avec d’autres, pour se rappeler qu’ici ou ailleurs, d’autres personnes s’engagent pour que le monde change.

Cette année, alors que nous allons bientôt célébrer les 20 ans de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant, nous pensons tout particulièrement aux enfants les plus pauvres qui paient souvent le prix le plus élevé …

Article 27 : Tout enfant a droit à un niveau de vie suffisant pour permettre son développement physique, mental spirituel, moral, et social.

Nous refusons qu’un enfant puisse mourir de faim.

Nous refusons que des familles vivent sans eau ni électricité, à la rue ou dans des centres d’accueil insalubres.

Nous refusons que les conditions de vie empêchent des enfants d’avoir une vie de famille ou d’apprendre à l’école.

Nous refusons que des enfants ne puissent pas partir en vacances avec leur famille.

Article 28 : Tout enfant a droit à l’éducation (…) sur la base de l’égalité des chances

Nous refusons que l’école ne se donne pas les moyens d’accueillir tous les enfants quelles que soient les différences sociales ou culturelles.

Nous refusons que des professeurs se résignent à avoir moins d’ambition pour des enfants en difficulté.

Nous refusons que des jeunes sortent de l’école sans savoir lire et écrire, et sans formation.

Nous refusons la discrimination des jeunes de quartier difficiles dans les écoles et les stages.

Article 9 : Les États veillent à ce que l’enfant ne soit pas séparé de ses parents contre leur gré.

Article 18 : Les États accordent l’aide approprié aux parents dans l’exercice de leur responsabilité de parent.

Nous refusons que des enfants soient placés à cause de la précarité, pour un enfant, rien ne remplace l’amour de ses parents et de ses frères et sœurs.

Nous refusons de nous voir ôter nos droits en tant que parents.

Nous refusons qu’on ne prennent pas en compte notre parole et nos efforts pour exercer notre responsabilité de parents.

Nous rendons hommage à ceux qui ont le courage de s’engager pour que ça change :

Courage des enfants qui posent des gestes de solidarité, comme cette petite fille suisse qui invite chez elle une enfant rejetée à l’école.

Courage des parents qui, malgré leurs peurs, osent se confronter aux autres et participer à la vie citoyenne, comme cette maman du Canada :

« A l’école primaire, j’ai participé au comité. J’étais dans tous mes états, tu te sens petit avec ton langage de la rue… des fois tu ne comprends pas. J’ai osé dire que je voulais faire une activité avec les enfants, et j’ai montré comment broder »

Courage des professionnels, qui prennent des risques dans leur travail en s’engageant auprès des familles, comme ce juge belge qui tient compte des parents, de leur place, de leur parole, avant d’exprimer son jugement.

Nous voulons que parents et enfants soient vraiment écoutés, entendus et acteurs.

Nous voulons que soient valorisés leur courage, leurs efforts, leur intelligence, pour lever le voile de la honte.

Nous voulons que la société ait de l’ambition pour tous ses enfants.

Nous voulons nous rassembler tous, parents, enfants, personnel enseignant, pour un meilleur dialogue et une meilleure participation de tous à la vie de l’école.

Nous voulons que tous les enfants aient droit aux mêmes conditions pour apprendre à l’école.

Nous voulons que tous les enfants aient réellement le droit et les moyens de vivre dans leur famille.

Nous voulons que les services sociaux soutiennent vraiment les familles, et développent de nouveaux modèles, autres que le placement des enfants.

Nous voulons que tous les parents qui ont une vie difficile ne soient pas considérés comme assistés, mais reconnus comme partenaires.

Pour que le partenariat puisse exister :
– il faut pouvoir prendre la parole, apprendre à se connaître, prendre le temps de créer la confiance.
– il faut créer les conditions d’un véritable dialogue entre des personnes vivant dans la précarité et d’autres, pour ne pas enfermer les gens dans leur statut social. Les enfants sentent quand les adultes de leur milieu ne sont pas en égalité avec les autres.
– il faut bâtir les projets avec les personnes et à partir de leurs aspirations et de leurs savoirs.

Nous rêvons que tout cela se réalise !