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Les visage d’ATD Quart Monde – Angela : Marcher à contre courant

« J’ai toujours voulu travailler avec les plus pauvres, » affirme de but en blanc Angela, fine péruvienne dans la trentaine. Depuis 12 ans, elle est comblée : bénévole au Pérou pendant 6 ans, formée en France pendant 3 ans puis volontaire internationale, elle consacre sa vie au Mouvement ATD Quart Monde et aux plus démunis de France et du Pérou. « Les valeurs associatives d’ATD mettent en avant le respect et la dignité. Je suis allée vérifier sur le terrain, dans les familles soutenues par l’association, et c’est vrai. Pas de paternalisme, pas de dons, mais une relation de confiance, bien plus forte. Mon amitié, c’est la seule chose que je donne, » explique Angela, consciente de la particularité de cette démarche dans le monde actuel.

‘En France, la pauvreté, c’est l’isolement social’

Mariée à Alberto, également volontaire du Mouvement, Angela complète ses années d’engagement bénévole par une formation à Noisy-le-Grand, berceau français du Mouvement, mais aussi laboratoire de toutes les actions menées de par le monde. « En France, la pauvreté, c’est l’isolement social » conclut-elle de ses 3 années passées en France. Et de demander par conséquent à vivre avec les familles, dans leurs cités, et non avec les autres volontaires du Mouvement. « La pauvreté éloigne de la beauté, de l’espace, du confort… Mais, après quelques mois et la naissance de notre premier enfant, nous avons atteint notre objectif ; je n’étais plus la référente ATD mais Angela, tout court. »

Retour au Pérou

En 2003, le couple est affecté à Cuzco, dans les Andes péruviennes ; dans la ville où l’association a été créé en 1991 par Marco, un Péruvien athée mais marqué par le discours du Père Joseph Wresinski. Se mettent alors petit à petit en place les activités d’ATD Cuarto Mundo : une bibliothèque de rue pour attirer les enfants et entrer en contact par ce biais avec les familles ; une université populaire « Car, oui, nous travaillons avec les plus pauvres mais nous valorisons les plus dynamiques, » souligne Angela ; l’ouverture d’une maison de la culture proposant des ateliers informatique, poterie, charpenterie… au bénéfice des communauté rurales de Cuzco ; et des ateliers d’échanges et de dialogue pour résoudre les problèmes collectifs autour de la santé, l’éducation, le travail…

« Un vrai signe de confiance ? Qu’une famille se fâche contre moi ! C’est signe que nous sommes égaux et que je n’ai pas créé de dépendance. Et vous pouvez compter sur moi pour toujours revenir ! » affirme calmement la jeune Péruvienne. Pas de dons, pas de financements personnels, pour le moins de dépendance possible, le credo d’ATD. Son boulet aussi dans un monde où les subventions associatives répondent à des critères très quantitatifs. ATD au Pérou a d’ailleurs dû baser son siège à Lima et mettre en place une bibliothèque de rue qui fait office de vitrine pour la recherche de financement de l’association.

‘Marcher à contre courant’

« Notre travail est difficilement reconnu dans la société. J’ai parfois l’impression de marcher à contre courant. C’est fatiguant. » De fait, Angela, petite femme frêle malgré sa douce détermination, a une petite mine. « C’est dur mais ça me plait, » se reprend-elle.

Après plus de 12 ans d’engagement total chez ATD Quart Monde, Angela fait le point : « Jusqu’où aller avec mon engagement, qui n’est pas celui de mes enfants ? C’est mon questionnement actuel. » Tout en constatant le plaisir quotidien qu’elle prend à travailler avec les plus démunis : « Même si ça prend du temps, tu vois le changement chez les gens les plus pauvres. »

Reproduction d’un article publié le 7 février 2012 sur www.latitudefrance.org par Frédérique Williame.