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« Mais Sylvain nous écoutait »

Nous habitons un quartier de mixité sociale et pour les anniversaires  les enfants invitent leurs copains copines d’école.
Un jour mon enfant de 10 ans rentre de l’école en pleurs, il me dit qu’il ne supporte pas du tout que Sylvain insulte la maîtresse.
Je lui demande si je connais Sylvain ? Il me répond qu’il est venu en septembre pour fêter son anniversaire, fin septembre,  avec une vingtaine de copains, copines de classe et voisins voisines. Je me souviens de lui, car c’était le plus grand et que pour rassurer sa maman, à sa demande, j’étais allée la rencontrer avant l’anniversaire. Ils habitent un quartier à 500 mètres de chez nous dans un logement d’ancien coron des mines relevant aujourd’hui de logement social.
Mais lors de la fête, je n’ai rien constaté du comportement de Sylvain, il ne s’est passé aucun incident.

Je suis allée rencontrer la maman, très inquiète, ne sachant plus que faire. La famille de trois enfants était en grande difficulté financière et le papa ouvrier obtenait des CDD en déplacement, il n’était pas toujours à la maison. Les 3 enfants étaient également en grande difficulté d’apprentissage de la lecture. Sylvain avait déjà redoublé.
Sa maman me confie que depuis le début de l’année scolaire, Sylvain est très agressif avec l’institutrice et qu’il l’insulte de plus en plus.
Elle a déjà rencontré le Directeur d’école à plusieurs reprises et l’institutrice, mais le comportement de Sylvain ne change pas. Malgré des jours d’exclusion temporaire, rien ne change et même la situation s’aggrave. Le Directeur a prévenu la maman, qu’il a fait une déclaration à la police.
La maman m’informe qu’elle rencontrera l’élue chargée des école, qui habite juste à la même distance entre nos maisons. L’élue a choisi d’inviter la maman chez elle et la maman a préféré que je l’accompagne. La réponse est que la situation était grave, mais l’élue a déclaré à la maman, qu’elle n’avait pas de moyens d’agir, dans cette situation.

J’étais membre de parents d’élèves de cette école, mais c’est en action citoyenne, en tant que de proximité avec la famille que j’ai choisi d’agir. L’institutrice a accepté de me rencontrer, je  lui ai témoigné de l’attitude de Sylvain lors de l’anniversaire.  Un jour même il s’est trouvé que nous soyons tous trois Sylvain, l’institutrice et moi, pour essayer de dialoguer avec Sylvain, disant que nous ne comprenions pas, pourquoi. Bien sûr nous étions conscientes, que cette rencontre avec Sylvain dans l’établissement scolaire n’était pas une démarche « légale ». Mais Sylvain nous écoutait, nous essayons de le convaincre qu’il était tout à fait capable de dire les choses et nous l’avons valorisé, moi reprenant l’exemple de son attitude lors de l’anniversaire.

Régulièrement je demandais des nouvelles de Sylvain à mon fils et de jours en jours, les relations entre enfants ont évolués, alors qu’il était considéré comme le « perturbateur » par tous, il s’est passé un changement entre les enfants.
Et lors du dernier conseil d’école, j’étais présente, et l’institutrice m’a remercié, ainsi que les collègues qui disaient que cette collaboration devrait continuer sous cette forme de présence, solidarité entre les familles.
La fête de l’école cette année là a revêtu un caractère très particulier. Il y avait des animations vélo, danses etc et mon fils, est venu me témoigner que ça allait très bien avec Sylvain et qu’il est devenu très copain avec les garçons de sa classe de CM2. Sylvain est passé dans la classe de 6 ième avec les autres copains de sa classe.
Une amie avait pris en charge l’aide à la lecture des 3 enfants de cette famille et a continué plusieurs années.