
Lyon – Bibliothèque municipale
Atelier de représentations aux Bibliothèques Municipales de Lyon
Le 28 novembre 2019, la bibliothèque du 6ème arrondissement de Lyon rassemblait, dans ses beaux locaux, des professionnels des bibliothèques municipales de Lyon (BML) et des membres d’ATD Quart Monde Lyon. Ensemble, ils participaient à un atelier sur les représentations mutuelles.
De quoi s’agissait-il ?
L’atelier sur les représentations mutuelles est l’un des axes d’action du Croisement des Savoirs et des Pratiques, méthodologie développée par le Mouvement ATD Quart Monde qui permet à des professionnels et à des personnes vivant la grande précarité de travailler sur leur compréhension et leur reconnaissance mutuelles à partir d’un sujet défini.
« Il y a des choses que l’on ne comprend que par l’expérience de la rencontre ».
L’objectif : améliorer les relations qui existent (ou non…) entre eux sur le sujet défini.
Le 28 novembre, le thème était :
« Comment mieux accueillir à la BML les personnes en situation de grande précarité ».
Dans un premier temps, trois groupes de pairs, deux groupes de professionnels des bibliothèques, les « médiateurs culturels et numériques » et les « médiateurs du livre », et un groupe de militants Quart Monde, auto-nommés « utilisateurs de médiathèques », réfléchissaient séparément sur ce que représentait pour eux « l’accueil ».
Les médiateurs culturels et numériques et les médiateurs du livre mettaient en avant : bienvenue, rencontre, humanité, égalité, équité, écoute, chaleur, sourire.
• « bienvenue : quelqu’un qui est bien et au bon endroit ».
• « traiter les gens également à la hauteur de leurs ressources »
• « accueillir les gens le mieux possible pour leur donner envie de revenir »
• « entendre les personnes, écouter, décrypter leurs attentes »
• « sourire : parce que c’est la première chose que je fais quand je rencontre quelqu’un.
Les utilisateurs des bibliothèques retenaient, eux : colère, appréhension, regards, accompagnement, respect.
• « quand j’étais à la bibliothèque du …,il y a une personne qui m’a mal parlé. Elle était à l’accueil. Elle s’est mise en colère contre moi. J’ai pas compris pourquoi. J’étais pas contente d’être accueillie comme ça. Je lui ai demandé pour une BD, elle m’a dit « c’est là-bas »; elle ne m’a pas accompagnée. »
• « j’appréhende l’accueil. J’ai peur qu’on me juge du regard. Il y a longtemps dans un magasin, j’ai entendu la vendeuse avec sa collègue. Elle riaient, c’était de moi. Depuis j’ai peur d’être jugée par le regard. »
• « regard : c’est par là que commencent les interactions. Quand je suis pas bien, j’ai l’appréhension. Il faut dépasser les barrières. »
• « j’accompagne souvent des enfants des écoles pour aller dans les bibliothèques. Ils ne respectent pas les livres, les rapportent abîmés. On ne m’a pas beaucoup respectée dans ma vie. Pour moi, il faut respecter la personne à l’accueil : dire bonjour, se respecter soi- même. »
• « je me sens bien accueilli en général. Parfois il y a des exceptions. Parfois certains professionnels, on dirait qu’on les fait « chier ». Quand je demande un truc, je vois sur leur tête, ils se forcent pour donner la réponse ».
Faisait suite un temps d’échange pour expliquer et confronter ces diverses représentations.
L’après-midi, chaque groupe de pairs échangeait sur les conditions d’un bon accueil dans les BML. Après une mise en commun, chacun est venu mettre 2 gomettes sur les conditions qui lui semblaient les plus importantes.
Un moment significatif était consacré à la question « avec quoi je repars ? ». Les professionnels exprimaient beaucoup la satisfaction d’avoir vécu cette formation, un peu aussi la frustration d’un temps trop court.
• « j’ai apprécié la méthode. Faire émerger l’intelligence de tout le monde. C’était bien mené. Dès le début, on sentait que le sujet était maîtrisé. »
• « j’ai beaucoup apprécié, surtout les groupes de pairs, mais j’ai été frustré par le manque de temps sur la partie échanges ».
Et les utilisateurs, heureux de leurs échanges avec les médiateurs culturels, repartaient bien décidés à davantage fréquenter les bibliothèques.
• « au début, je pensais qu’en bibliothèque, je n’avais pas ma place et, au final, j’ai compris que j’ai le droit de venir apprendre ».
• « c’est la première fois que je fais quelque chose comme ça avec des professionnels. J’ai appris des choses. Normalement je parle aux gens derrière des guichets, aujourd’hui, j’étais contente de parler avec vous ».
Pour clore la journée, Gilles Eboli, directeur des BML, retenait :
« J’ai voulu travailler sur l’accueil et l’écoute. L’important est d’affirmer notre volonté d’être dans l’échange et de confronter ce que l’on propose avec ce que vous recevez… ».