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Lutte contre la pauvreté : « Ça ne va pas dans le bon sens »

Le collectif Alerte réunissant une trentaine d’associations, dont ATD Quart Monde, constate que les conditions de vie des plus précaires se sont globalement dégradées depuis le début du quinquennat.

« Il y a une véritable contradiction entre les objectifs du gouvernement, portés par la Stratégie de prévention et de lutte contre la pauvreté, et ce que constatent les personnes qui sont en situation de pauvreté, avec un renforcement des inégalités », a résumé Christophe Devys, président du collectif Alerte, qui fédère une trentaine d’associations dont la Fondation Abbé Pierre, le Secours Catholique, Emmaüs France et ATD Quart Monde.

Réunies le 9 septembre à Paris, un an après la présentation de la Stratégie, ces associations ont souhaité analyser « l’ensemble de la politique du gouvernement et son impact sur les plus démunis ». « Le président de la République avait dit : on vise l’éradication de la grande pauvreté, on veut une globalité de l’accès aux droits et le choc de participation. Et bien, on attend toujours », a souligné la présidente d’ATD Quart Monde, Claire Hédon.

« Depuis le début de ce quinquennat, les 10 % les plus pauvres, ceux qui ne bénéficient pas de la prime d’activité, qui sont au RSA socle, ont perdu en pouvoir d’achat. Donc, clairement, ça ne va pas dans le bon sens. On pourra mettre en place toutes les Stratégies pauvreté de la terre, si le reste des lois ne va pas dans le sens d’une éradication de la pauvreté, on n’y arrivera pas. C’est pour cela qu’on demande l’évaluation de toutes les politiques publiques et des lois à partir des 10 % les plus pauvres », a-t-elle ajouté. Le collectif a ainsi dénoncé « la baisse des APL et la non-indexation sur l’inflation des allocations logement et des prestations familiales ».

« Il ne doit pas y avoir de perdants »

Les associations ont en outre fait part de leurs craintes face à la réforme de l’assurance chômage, présentée en juillet dernier, qui « s’annonce très défavorable pour les plus précaires », selon Florent Gueguen, directeur de la Fédération des acteurs de la solidarité. « L’impact risque d’être colossal : on va voir plusieurs centaines de milliers de personnes basculer vers les minima sociaux et donc, à terme, une augmentation de l’intensité de la pauvreté des chômeurs », a-t-il dénoncé.

La concertation lancée sur le RUA (Revenu universel d’activité) interroge également les acteurs associatifs. « Nous adhérons à l’objectif de lutter contre le non-recours et d’éviter les ruptures de droit. C’est l’occasion de poser la question d’une revalorisation des minima sociaux. Mais nous avons fixé un certain nombre de lignes rouges : il ne doit pas y avoir de perdants parmi les personnes les plus pauvres », a rappelé le président du collectif. Cette réforme ne sera sans doute pas appliquée avant 2023, mais « les 10 % des personnes les plus pauvres ne peuvent pas attendre cette date », a affirmé le collectif, qui a réclamé notamment une revalorisation du RSA.

La présidente d’ATD Quart Monde a en outre regretté la manière dont la concertation se met en place. « Les personnes en situation de précarité ne vont être concertées qu’à partir d’octobre et pendant six semaines. Ce n’est vraiment pas suffisant. » Le collectif a donc appelé le gouvernement à prendre « des mesures nouvelles et ambitieuses » pour améliorer, au quotidien, les conditions de vie des personnes en situation de pauvreté.

Photo : Conférence de presse du collectif Alerte à Paris le 9 septembre 2019. © JCR, ATDQM