
Louis, le conteur de Bezons
Depuis 1993, il conte dans les écoles, les centres de loisirs, les quartiers… Le but est de « créer la curiosité » pour le livre chez des enfants qui souvent en sont loin et de les faire dialoguer.
« J’ai eu l’idée d’utiliser le conte car je viens d’une culture orale, étant originaire du Congo Brazzaville », explique Louis Makayi qui est médiateur du livre à la Médiathèque municipale de Bezons (Val-d’Oise). Trop souvent, selon lui, on confond livres pédagogiques et ludiques. » Or les enfants doivent savoir qu’on peut lire pour soi. »
A la rentrée, Louis reprend sa » tournée des contes » dans des écoles primaires et maternelles de Bezons. Cette année, il a travaillé sur le conte africain classique avec deux classes de CM2 : « Je demande à un enfant de lancer le début d’un conte. Il prend la parole, un autre continue, l’institutrice note les échanges. La semaine suivante, je reviens en relisant toutes les notes. Et je leur demande si c’est bien ce qu’ils voulaient dire. Puis ils reprennent. Chacun doit parler. A la fin, j’organise une soirée avec les parents. Chaque enfant a un livret avec les histoires. »
Souvent lorsqu’il conte, son auditoire lui demande où il a trouvé son histoire. « J’explique que j’ai lu un livre et que je le raconte selon mon émotion, comme je l’ai ressenti. Un enfant, quand on le laisse libre, raconte beaucoup de choses, creuse, cherche. »
« Le conte est un moyen d’aller vers le livre, poursuit Louis qui a fait des bibliothèques de rue avec ATD Quart Monde. Lire, c’est savoir anticiper ce qu’un auteur veut dire. Il faut que les gens racontent des livres. Le ton est très important : l’enfant entend la voix qui vibre en lui. Peu à peu, il apprend à se nourrir de mots. »
Louis était un enfant difficile. Un jour ses parents l’ont conduit au village chez son grand-père. » Il me racontait des histoires mais elles finissaient toujours mal. Je lui ai demandé pourquoi. Il m’a répondu que ces gens faisaient mal et que je devais, moi, aller sur la bonne voie. »
Véronique Soulé
Photo : Louis Makayi à une bibliothèque de rue à Bezons en 2010 (photo Denis Gendre)