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Logement : Les limites du supportable ? Agglomération grenobloise (38)

Le quartier Champberton, dans l’agglomération grenobloise, présente une population d’origine très majoritairement méditerranéenne (Portugais et Maghrébins). La situation est particulière : 320 logements sur les 360 appartiennent à un unique propriétaire ! Le conventionnement APL avait été obtenu, il y a de nombreuses années, à la faveur d’une réhabilitation très sommaire (15 cms de polystyrène collés sur les façades). Les aides au logement sont versées directement au propriétaire, les habitants n’en voient pas la couleur.
L’état de dégradation du quartier s’accentue. Il trouve son explication dans de multiples causes. Le propriétaire n’est pas très motivé pour investir, aménager, réparer. Il fait à peine l’indispensable. Récemment, trois colonnes électriques ont provoqué des incendies qui auraient pu tourner au drame. Pour lui, financièrement tout va bien (pas d’impayés, il reçoit l’APL). Les pouvoirs publics ont, depuis presque dix ans, porté un projet de démolition et reconstruction qui n’a finalement jamais abouti, faute de moyens pour investir mais aussi de volonté politique partagée entre l’Etat et les collectivités locales.

La population est résignée et trouve plus ou moins son compte dans un système finalement assez souple : on peut souvent s’arranger. Le droit dut-il en souffrir. Champberton est un lieu de passage pour pouvoir mieux rebondir dans un logement plus décent. Les faibles loyers, la facilité d’y louer et quitter un logement sans trop de formalités expliquent cette résignation. D’assez nombreux clandestins trouvent là un refuge auprès de membres plus ou moins éloignés de leurs familles. C’est un peu la porte d’entrée du logement social sur l’agglomération.

Depuis neuf ans, une équipe du Secours Catholique, engagée sur le projet « Cause Commune », intervient dans le quartier. Il s’agit de susciter la mobilisation des habitants par rapport à leurs conditions d’existence.

Les animateurs vont à la rencontre de la population directement dans la rue. Ils n’ont pas de projet pré-établi et se présentent les mains vides. Il s’agit d’abord de provoquer l’envie de se bouger pour les autres. Ce n’est pas évident. Chacun est d’abord préoccupé par sa situation. Pourtant, au fil du temps, des personnes se révèlent et entraînent les autres dans une lutte collective.

Il y a eu, par exemple, la question des charges locatives abusives. Le propriétaire a fini par reconnaître en commission de conciliation « quelques erreurs de calcul » et rembourser les locataires. Il y a eu la question des caves inondées, de l’éclairage public, de l’entretien des cages d’escalier… Chaque fois, c’est un long combat qui n’aboutit finalement que lorsque le rapport de force est établi, que les faits sont démontrés, que des appuis juridiques sont apportés. Cela reste une rude épreuve pour des habitants fragilisés. Le soutien des animateurs leur permet d’y croire.