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Le livre de mars 2016 : « Sur le chemin de l’eau », par Pascal Lallement

Pascal Lallement, délégué national d’ATD Quart Monde, signe avec Liliane Larmoyer un livre sur un chantier de solidarité à Dakar, la capitale du Sénégal où il a vécu comme volontaire permanent. Il décrit comment les membres du Mouvement et les habitants d’un quartier se sont mobilisés pour permettre à une famille très pauvre de remblayer sa maison perpétuellement inondée.

Pourquoi avoir écrit ce livre ?

Je voulais raconter cette histoire vécue pour montrer les conditions de la rencontre qui permettent d’aboutir à une action concrète avec les habitants d’un quartier, ici dans la périphérie de Dakar.
C’est une histoire de fierté, celle d’un quartier où les voisins, soutenus par les volontaires permanents, se mettent ensemble pour soutenir une des familles les plus pauvres vivant dans des conditions insalubres. On s’est rendu compte après le chantier que beaucoup connaissaient sa situation. Certains faisaient individuellement des gestes mais cela ne suffisait pas : il fallait une présence stimulante et rassembleuse pour briser la fatalité.

Cela illustre la manière de faire d’ATD Quart Monde ?

Oui, une approche faite de présence dans un quartier, de rencontres patientes au jour le jour, et le dialogue, l’écoute, la nécessité que chacun fasse un geste, l’importance de préserver l’unité.
Une autre condition essentielle de la rencontre, c’est le temps, nécessaire pour créer des liens de confiance. Une Bibliothèque de rue commence, on rencontre des gens, on les voit toutes les semaines, on construit avec eux un projet. Il y a des paliers. Avec aussi des moments de confrontation. Non, ATD Quart Monde ne va pas payer un maçon. Non, on ne va pas remblayer maintenant même si la période des pluies approche, car il faut que la famille participe d’abord.

A la fin, Alima dit que sa situation n’a pas tant changé: ce n’est pas décourageant ?

Pas du tout. Tout le monde a observé des changements après le chantier : par exemple, Alima prend la parole le 17 octobre, Jour du refus de la misère, elle marche la tête haute, ses enfants invitent leurs amis à la maison, etc. La misère ne se résout pas comme ça. Cela nous met aussi face à la complexité des relations humaines.

Propos recueillis par Véronique Soulé