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L’expérience d’un Comité Solidaire « pour les Droits »

Souvenez vous, le 4 février dernier, dans la première chronique « sur une île accessible en barque »… Plus de quatre mois après, où en est-on de cette mobilisation citoyenne ?

Pour mémoire, cette famille, qui vivait depuis toujours dans un logement précaire situé sur un terrain dont elle était propriétaire connaît des difficultés de relogement depuis la vente de son terrain pour un projet immobilier de logements sociaux. Thierry, un des membres actifs du comité solidaire, nous parle de la situation actuelle de la famille et du comité et nous donne sa vision des difficultés et réussites passées, et quelques conseils précieux.

Vous êtes près du but, mais le chemin a été long et compliqué avant et même depuis la création du comité solidaire. Où en êtes vous aujourd’hui ?

« Les nouvelles sont bonnes. Nous ne sommes peut-être pas loin de la solution que nous espérions : deux logements PLAI1 seraient réservés sur le projet pour reloger les membres de la famille, au rez-de-chaussée avec un jardinet.
Ce ne serait plus qu’une question de papiers et d’un peu de temps. Nous restons prudents et attendons la confirmation écrite. A partir de la signature, il nous restera un an et demi pour préparer le relogement de la famille. »

Quelles difficultés avez-vous déjà dû surmonter ?

« La situation est complexe car les acteurs sont multiples : les membres de la famille à reloger, les autres membres de la famille copropriétaires du terrain, les autres copropriétaires du terrain, le promoteur et la mairie. Leurs intérêts sont différents, non-dits, et il faut déjà les découvrir avant d’essayer de les concilier. La position de la mairie n’est pas très claire. Aucun logement réellement social n’a été construit entre 2000 et 20062… résultat, les logements actuellement disponibles sont trop chers pour la famille. Il y aurait plus de 3 ans d’attente dans notre petite commune pour accéder à des logements véritablement sociaux.
Quand nous nous sommes opposés à des solutions de relogement qui n’étaient pas viables pour la famille, notamment en contestant le permis de construire par un recours devant le Tribunal administratif, le promoteur ne nous a plus tenu au courant de ses intentions. Il a continué à chercher des solutions avec une soit disant amie de la famille, sans en informer les membres de la famille directement concernés. Il a fallu solliciter de nouveau une réunion en mairie pour remettre tout à plat : la mairie s’est rendu compte que les solutions envisagées ne l’étaient pas en concertation avec la famille.
La mairie et le promoteur ont a plusieurs reprises contesté la légitimité de notre comité. Heureusement, nous avons la confiance de la famille et le comité a tenu bon.
Pour moi, derrière les difficultés que nous rencontrons pour trouver une solution de relogement se cache un problème de discrimination qui ne s’exprime pas ouvertement. Les conditions actuelles de grande pauvreté de la famille font que son relogement sur le projet ou même sur la commune n’est pas bienvenu. Des solutions auraient probablement été trouvées depuis longtemps pour d’autres familles. »

Quels conseils donneriez vous à d’autres comités solidaires pour les droits ?

Avant de créer un Comité, il vaut mieux avoir déjà créé des liens suffisamment forts avec la famille. Il faut construire une confiance mutuelle forte car elle sera inévitablement mise à l’épreuve. Pour nous, le fait que tous les membres de la famille aient, par une démarche commune, acquis des droits qu’ils n’avaient pas fait valoir avant (RMI, CMU…) a permis de renforcer la confiance.
Ça a été long car on a toujours essayé de respecter les réticences de la famille, d’en comprendre les raisons et de trouver avec elle des solutions.

Concernant l’objet du comité, il est préférable de prendre le temps avec la famille de bien comprendre la situation, d’identifier toutes les parties prenantes et de formuler le plus précisément possible ce qui est injuste dans la situation.
Une fois l’injustice formulée et avant de rencontrer les parties prenantes, il est important d’identifier avec la famille les arguments que l’on pourra mettre en avant, les démarches que l’on pourra faire et les personnes sur qui on pourra compter pour les soutenir.

Avec les amis identifiés, on peut proposer de monter un comité de soutien (ou « Comité solidaire pour les droits »). Dans le nôtre, il y a des membres d’associations comme ATD Quart Monde, le Secours Catholique, des voisins et un membre de la famille.
Le comité sera d’autant plus utile que l’on aura construit des liens dans la durée avec des personnes très diverses. Si l’on peut, c’est également utile de rencontrer les autres associations, les travailleurs sociaux, les entreprises ou associations d’insertion locales, les organisations politiques ou avoir des projets avec l’école si l’on est parent d’élèves par exemple. Ce sont tous ces liens tissés et ces connaissances ici et là qui permettront de pouvoir soutenir efficacement les familles qui vivent des situations d’injustice.

Dans le comité, il me semble primordial de toujours s’assurer de la participation de la famille et de son adhésion aux démarches mises en oeuvre, même si ce n’est pas toujours facile. Il faut beaucoup dialoguer, rencontrer la famille régulièrement, plusieurs fois par semaine, voir presque quotidiennement dans les périodes importantes. On se doit de toujours faire attention de bien se repositionner comme un comité qui soutient la famille et qui est là pour faire valoir les souhaits de la famille.
Chaque personne du comité a son importance.
Par exemple, quand nous avons décidé de recueillir des signatures pour soutenir la famille, les membres de la famille et les voisins appartenant au comité ont été beaucoup plus efficaces que nous. Nous avons au total obtenu plus de 100 signatures. Ce sont également les voisins qui ont permis le premier contact avec la famille.  »