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Idées Fausses : « L’État n’a plus les moyens de créer de l’emploi » C’est faux !

Faux. D’autant plus que, quand on crée des emplois, le retour sur investissement est généralement positif.

On entend parfois dire qu’en matière d’emploi, notre choix se limiterait à accepter soit l’essor de l’emploi précaire, soit le chômage de masse (que certains déguisent sous le terme de « chômage structurel » – idée fausse 74). Souhaiter un emploi décent pour chacun serait-il une utopie dont nous n’avons pas ou plus les moyens ?

Nous avons vu (idée fausse 2) qu’environ 15 milliards d’euros par an permettraient de supprimer la pauvreté monétaire. C’est peu par rapport à certains montants de fraude fiscale que l’État pourrait récupérer (idée fausse 30), par rapport à certaines réductions d’impôts ou de cotisations sociales accordées chaque année mais dont l’efficacité est limitée (idées fausses 77 et 78) et par rapport aux 122 milliards d’euros investis en 2015 par l’ensemble des politiques de l’emploi en France[1].

D’autant plus que lorsque l’on crée des emplois, il y a des retours sur investissement, puisque la personne jusqu’alors privée d’emploi contribue ensuite davantage à la consommation et aux finances publiques (idée fausse 2). Si les emplois sont créés dans le domaine de la transition énergétique, le retour sur investissement inclut aussi des économies d’énergie. Dans tous les cas, il inclut les gains à terme du retour à l’emploi correspondant à la réduction des coûts des conséquences du chômage sur la santé, l’éducation, etc.

Le rapport gains/coûts des emplois créés sur les dix premiers Territoires zéro chômeur de longue durée entre 2017 et 2019 montre qu’il est rentable et durable pour l’État de créer des emplois par ce type de modèle qui mixe public et privé : « les emplois ainsi créés ne représentent pas une charge supplémentaire pour la dépense publique[2] ».

Ce modèle des Territoires zéro chômeur de longue durée peut croiser d’autres pistes de création d’emplois dans le domaine de la transition énergétique[3].

[Article mis à jour en décembre 2019]

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[1] « Les dépenses en faveur de l’emploi et du marché du travail en 2015 », Dares, novembre 2017.

[2] D. Goubert, D. Le Guillou, C. Hédon, Zéro chômeur. Dix territoires relèvent le défi, op. cit., p. 111. Voir aussi le chapitre 3.

[3] Voir par exemple www.theshiftproject.org/fr(consulté en août 2019). Selon Initiative Rénovons, « Coûts et bénéfices d’un plan de rénovation des passoires énergétiques à l’horizon 2025. Étude économique », 2017, les coûts et bénéfices d’un tel plan s’équilibrent sur une période de 26 ans et les effets positifs se poursuivent ensuite, n’entraînant que des gains. Le Centre de politiques alternatives canadien publie un budget fédéral alternatif qui montre qu’il est possible d’agir contre les changements climatiques tout en agissant pour l’emploi et contre la pauvreté (www.policyalternatives.ca, consulté en août 2019). Sur des politiques nationales capables de garantir un emploi à tous, voir par exemple Wray R. et al (2018), « Guaranteed jobs through a public service employment program », Levy Economic Institute of Bard College Policy, note 2018 /2, ainsi que J. H. G. Pierson, Full Employment, 1941, J. P. Wernette, Financing Full Employment, 1945, H. P. Minsky, Stabilizing an Unstable Economy, New York, McGraw-Hill, 1986, A. B. Atkinson, Inégalités, op. cit., ou encore B. Cook, W. Mitchell, V. Quirk, M. Watts, « Creating effective local labour markets: a new framework for regional employment policy », Centre of Full Employment and Equity, University of Newcastle, 2008.