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Pierre-Yves Madignier : « L’essentiel, que la voix des plus pauvres soit reconnue, entendue »

A l’occasion de la fin de son mandat, Pierre-Yves Madignier, 58 ans, secrétaire général de RTE (réseau de transport d’électricité), filiale d’EDF, a répondu à « Feuille de route ».

Que vous inspire ce passage de relais ?

Je suis d’abord heureux de tout le processus de réflexion qui a précédé. La présidence est une responsabilité complexe et le fait que le mouvement mène cette réflexion, que l’on ne s’auto désigne pas comme candidat, est une grande sécurité pour la suite. On peut être parfois impressionné, voire écrasé par la responsabilité. On peut se dire alors que l’on ne s’est pas soi-même lancé dans cette aventure, et que si l’on a été choisi, c’est que l’on répond aux attentes.

Avez-vous des dossiers à transmettre à Claire Hédon ?

Elle fera forcément des choses différentes de ce que j’aurais fait parce que nous sommes avant tout – et c’est très bien comme ça – un mouvement de personnes. Les fondamentaux demeurent – l’engagement des membres d’ATD Quart Monde, la place centrale des personnes les plus pauvres, la volonté d’en attirer d’autres dans cette entreprise d’émancipation… Mais chacun apporte sa « coloration » à ce combat pour détruire la misère. Claire fera des choses nouvelles qui enrichiront le mouvement.

Il y a des chantiers prioritaires ?

Claire va s’inscrire naturellement dans les actions engagées. Dans l’immédiat, il faut bien sûr poursuivre le combat pour la reconnaissance de la discrimination pour précarité sociale. On a parcouru la moitié du chemin. Le texte, adopté au Sénat, doit aller jusqu’à l’Assemblée nationale.

Comment définir ce rôle de président ?

C’est quelqu’un qui s’exprime au nom d’un combat et d’une multitude d’engagements, qu’il porte à l’extérieur. Mais cela ne se limite pas à ça. Il doit aussi être à l’écoute des personnes qu’il rencontre au dehors et faire entrer dans le champ de réflexion d’ATD Quart Monde ce qui n’y est pas encore. Le président a un rôle de passeur entre le mouvement et le reste de la société, il assure un va et vient permanent.

La période n’est-elle pas difficile pour ce combat ?

En période de prospérité, il est plus facile d’intervenir. Le combat contre la misère nécessite que les choses partent des personnes les plus écrasées, que la société s’engage avec les premières concernées. Et quelle que soit l’époque, c’est l’essentiel : il faut que la voix des plus pauvres soit reconnue, entendue.

Comment allez-vous vous engager désormais ?

Cela va dépendre de circonstances familiales et professionnelles. Je suis un allié du mouvement depuis de longues années. Mon engagement est né à Noisy-le-Grand dans les années 1976-1978, lors de rencontres avec des jeunes vivant dans la grande pauvreté. Elles ont nourri mon engagement et continueront à le faire. Je reste disponible pour répondre à des sollicitations du mouvement. J’ai beaucoup reçu en tant que président et je souhaite continuer à lui apporter.

Recueilli par Véronique Soulé