
Les visages d’ATD Quart Monde – Isabelle Feury : « depuis toujours, je me rendais compte que j’avais un côté privilégié »
Chaque mois découvrez les visages de ceux qui font le Mouvement. Ce mois-ci, c’est le tour d’Isabelle Feutry, volontaire du Mouvement depuis 12 ans et engagée depuis 5 ans dans le Jura dans un projet pilote, la maison de vacances familiales de la Bise.
Pourquoi s’être engagé à ATD Quart Monde ?
J’ai découvert le Mouvement d’abord comme alliée dans une bibliothèque de rue à Nîmes. On allait aussi à Marseille pour les Universités Populaires. Moi, je suis originaire du Nord et depuis toujours, je me rendais compte que j’avais un côté privilégié. J’étais sensible à cette parole des plus démunis, qu’on entend jamais. Dans le Mouvement ATD Quart Monde, j’ai trouvé ça, cette écoute des personnes, ce respect des personnes les plus démunies et surtout qu’on parte d’eux pour construire des projets, c’est pour moi le plus important. J’ai fait ma première mission en tant que volontaire à Lyon. J’étais responsable des bibliothèques de rue et j’étais en présence avec les familles roms. Cette mission m’a énormément appris. J’avais des aprioris sur les roms avant de commencer, à cause de la méconnaissance notamment. Mais après 5 ans, on a vécu tellement des aventures, au fil des expulsions, des déscolarisation et des squats ! C’était très important pour nous que les familles roms soient vues comme les autres dans le quartier. On a beaucoup travaillé sur ça, faire connaître leur vie et leurs parcours.
Après Lyon, je suis partie un an et demi en Thaïlande où le Mouvement est implanté depuis sa création. Et depuis 5 ans, je travaille pour la maison de vacances familiales de La Bise, dans le Jura.
Alors, justement La Bise, c’est quoi et qu’y fais-tu ?
La maison de vacances familiales de La Bise, c’est vraiment un projet différent de tous les projets d’ATD Quart Monde. Il est très très concret, il est pilote. Il permet aux gens précaires de vivre pour la première fois un temps de vacances en famille. Avec La Bise, on montre que tout est possible et que les personnes peuvent devenir acteurs de leurs vacances. D’ailleurs, des familles roms que j’avais rencontrées à Lyon sont venues passer des vacances à La Bise ! Depuis 5 ans, on a développé les séjours aussi pour les personnes isolées, les partenariats avec les conseils départementaux… Inscrire la maison de La Bise dans une dynamique territoriale c’est vraiment crucial pour nous. C’est de là qu’est née l’association des amis de La Bise. La maison et le projet sont vraiment connus et reconnus dans le coin, les habitants des alentours sont convaincus de ce droit aux vacances pour tous et ils viennent lors des séjours pour participer aux repas, aux animations. Cette mixité sociale là, c’est ce qui fait de La Bise un beau projet.
Qu’est ce que cette mission t’a apporté ?
En tant que volontaire et en tant que personne, j’ai beaucoup appris des familles qui sont venues en vacances. La Bise c’est un endroit magique, où ces familles sortent du quotidien et reprennent goût aux choses. Et je finirai par parler du combat politique bien sûr du droit aux vacances et sur le fait qu’il faut que la société permette à toutes les personnes en précarité de partir en vacances, comme tout le monde.