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Les Tailleurs de bouleaux aux avant-postes pour l’emploi

L’association est un pilier du projet Territoires zéro chômeur de longue durée en Meurthe-et-Moselle.

 » On nous avait demandé de chercher des idées qui frappent pour la grève du chômage du 15 octobre 2015. On s’est réuni chaque semaine. Et on en a trouvées « . Jean-Michel, aujourd’hui salarié de l’entreprise à but d’emploi La Fabrique, à Bulligny, en Meurthe-et-Moselle, faisait partie du petit groupe de personnes en recherche d’emploi très tôt impliqué dans le projet Territoires zéro chômeur de longue durée. Parmi les idées trouvées : planter un bouleau, cet arbre qui pousse sur les terres les plus déshéritées et marque un renouveau. Tout un symbole.

Comme dans les autres territoires  » historiques « , la grève du chômage a été un moment fort de la mobilisation en Meurthe-et-Moselle. Sur la base de loisirs de Favières, on a fabriqué du jus de pommes, la Cuvée des bras perdus.  » Après, on a senti qu’il fallait rester en contact, se tenir informés « , explique Jean-Michel.

C’est ainsi qu’en janvier 2016 naît l’association Les tailleurs de bouleaux, une cinquantaine de femmes et d’hommes qui croient au projet Territoires zéro chômeur de longue durée et qui ne vont pas compter leurs heures pour qu’il voit le jour. Ils sont encore aujourd’hui un pilier de La Fabrique, l’entreprise à but d’emploi de la Communauté de communes Pays de Colombey et du Sud Toulois.

Logo

Le 11 janvier 2017, lorsque La Fabrique embauche ses neuf premiers salariés, ce sont tous des Tailleurs de bouleaux. Gérard, exploitant agricole, a proposé l’idée de valoriser des terres en friche. Linda, qui fait du homestaging, a lancé celle de la recyclerie. Philippe, menuisier qui crée des instruments de musique à partir de récup, va la rejoindre. Jean-Claude, qui a fait  » plein de petits boulots « , est parti, lui, pour du bûcheronnage…

Jean-Michel, dont le métier est de faire des films d’entreprise, a dessiné le logo de La Fabrique. Il trône au dessus de l’entrée du vaste hangar siège de l’entreprise à but d’emploi, qui accueillait auparavant un festival de musique le Jardin de Jean.  » Enfin, précise-t-il, les gugusses, c’est Amandine Boileau qui les a dessinés lorsqu’elle suivait la journée d’échanges à l’Assemblée nationale.  »

Aujourd’hui, Jean-Michel travaille à des plaquettes présentant les activités de La Fabrique – travaux forestiers, transports, maraîchage… – ainsi que sur une newsletter.  » On m’a aussi demandé de faire du développement économique mais là, il faut que je me forme « , dit-il. Jean-Claude, lui, est passé à la ressourcerie. Ainsi va la vie dans une entreprise à but d’emploi où chacun est multi activité…

Cuisine

La Fabrique comptait à la mi avril quinze salariés qui ne sont pas tous des Tailleurs de bouleaux. Ils continuent toutefois d’être moteurs.  » On compte sur nous comme force de proposition et aussi pour acueillir les nouveaux « , précise Jean-Michel.

Les Tailleurs de bouleaux ont insufflé aussi leur esprit collectif. Tous les matins à 8 heures 30, on se retrouve pour échanger dans la cuisine, coeur de l’entreprise où l’on déjeune tous autour de la grande table – hormis les deux barbecues organisés dehors. Le vendredi matin, c’est là aussi que l’on se réunit avec Guirec, le directeur.

Logiquement, l’association est moins active. Elle cultivait un jardin partagé et avait créé un réseau d’échanges de services. Un jour, par exemple, Philippe avait appris aux autres à faire du pain au levain. Récemment Geneviève, qui a une licence de lettres, a tout de même organisé une visite de Toul puis de la Verrerie.

Souvent passés par des galères, tous regardent vers l’avant. Jean-Michel va emmener ses deux filles dans les Vosges et prévoit de  » craquer un billet  » pour recevoir son beau-frère à dîner autour d’un bon vin. Gérard imagine la conserverie de mirabelles qu’il montera demain …  » Un collectif pareil, ça vaut bien mieux que d’essayer un truc dans son coin « , résume Philippe.

Véronique Soulé

Photo : Jean-Michel, Tailleur de bouleaux, et Aurélie, la cheffe de projet pour la Communauté de communes Pays de Colombey et du Sud Toulois, le 5 avril 2017 à La Fabrique. ©Carmen Martos, ATD QM