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Les stagiaires d’OSEE motivés malgré le confinement

Quelques jours seulement avant le confinement, mi-mars 2020, les stagiaires de la pré-formation OSEE s’étaient retrouvés à Aubervilliers, en Seine-Saint-Denis, pour commencer leur formation. Ils devaient s’y retrouver trois jours toutes les deux semaines, pendant les cinq premiers mois. Mais c’est finalement de chez eux qu’ils ont peu à peu appris à se connaître.

« La mobilisation est restée très forte malgré le confinement et le travail à distance. Ils ont fait preuve d’une volonté incroyable pour ne pas décrocher dans ces conditions », se félicite Hervé Lefeuvre, membre de l’équipe-projet d’OSEE (Osons les savoirs d’expérience de l’exclusion).

Cette situation inédite a même été positive pour certains. « La formation m’a permis de ne pas rester isolée. En presque 3 mois, nous avons beaucoup appris, notamment à se servir d’un ordinateur, d’Internet… On aura aussi besoin de ces compétences pour la suite », se réjouit Lætitia. « Pendant le confinement, j’ai essayé de redevenir copine avec mon stylo, mais aussi avec le clavier. Je ne maîtrisais pas du tout le numérique et j’ai appris à rédiger, à répondre à mes mails. Finalement, c’était bénéfique », ajoute Maria.

Difficile reconfinement

La nouvelle d’un deuxième confinement, fin octobre, a été pour tous plus difficile à entendre. « Nous avons des cours toute la journée sur Skype, c’est fatigant. J’ai du mal à ne pas décrocher... », soupire Sylvie, après la deuxième journée de formation à distance. Les stagiaires s’inquiètent aussi pour l’obtention et la validation de stages dans ces conditions.

« Quand on vient dans cette préformation qualifiante, c’est qu’on est très engagé, dans sa communauté, dans son quartier… Et en ce moment, la communauté peut avoir besoin d’aide, donc cela peut créer un tiraillement : ‘est-ce que je m’occupe de moi ou des autres ?’ », souligne Anne Jacquelin, de La Fabrique des territoires innovants, partenaire de l’expérimentation. Les stagiaires restent cependant motivés et espèrent reprendre normalement le cours de leur formation et les stages le plus vite possible.

 

 

L’engagement des jeunes de Seine-Saint-Denis

Mi-septembre, une quinzaine de jeunes issus des quartiers politique de la ville de Seine-Saint-Denis ont rejoint les premiers stagiaires de la formation OSEE. Ils ont entre 18 et 26 ans et ont commencé une formation de 30 heures par semaine au Greta MTE 93 (Groupement d’établissements des métiers et des techniques économiques de Seine-Saint-Denis), à Aubervilliers.

« L’intégration des jeunes dans ce projet est très importante pour montrer qu’il est possible de valoriser des acquis issus d’autres expériences que celle du Croisement des savoirs et des pratiques », explique Clémence Puel, chargée de mission dans l’équipe OSEE, référente des stagiaires jeunes Île-de-France.

« Ces jeunes ont un engagement au sein de leur entourage, de leur communauté, parfois de leur quartier. Beaucoup ont des expériences de service civique. Ils ont souvent un rapport complexe à l’école« , détaille-t-elle.

Un savoir collectif

La pédagogie est adaptée au projet de chacun : passer le CléA (Certificat de connaissances et de compétences professionnelles), affiner leur projet professionnel ou se préparer plus précisément à une formation. C’est le cas de Bakary, 21 ans, motivé pour devenir animateur social. « J’ai raté mon bac pro il y a deux ans. Je n’avais fait aucune formation depuis, mais OSEE me correspond vraiment et me pousse à accomplir ce que je veux. »

Certains ont en outre grandi dans le même quartier et « c’est une grande richesse. Cela peut créer une dynamique au sein du groupe en apportant un savoir collectif qui pourra être croisé avec celui des autres stagiaires », conclut Clémence Puel.

Cet article est extrait du Journal d’ATD Quart Monde de février 2021.

Photo : Les stagiaires de la pré-formation OSEE à Montreuil en septembre 2020. © JCR, ATD Quart Monde