
Idées Fausses : « Les pauvres consomment beaucoup d’alcool, de tabac et de drogues » C’est faux
Faux, sauf pour le tabac.
Les personnes en situation de précarité fument plus que la moyenne ; le tabac est souvent utilisé pour faire face au stress et à l’anxiété.
Comparée à la population générale, une personne sans emploi consomme plus d’alcool (2,22 fois plus pour un homme et 1,5 fois plus pour une femme[1]), mais le chômage touchant toutes les catégories sociales, on ne peut en déduire que les plus pauvres sont plus consommateurs. On sait par ailleurs que les 10 % des ménages les moins fortunés ne dépensent que 1,2 % de leurs revenus en boissons alcoolisées, contre 1,4 % en moyenne pour la population française et 1,6 % pour les 10 % les plus fortunés[2].
Les personnes en situation de précarité et de pauvreté consomment-elles plus de drogues que les autres ? De nombreuses études soulignent un lien réel entre la consommation de drogue et le chômage, mais on ne peut en déduire un lien entre cette consommation et la pauvreté, pour la même raison que précédemment. « Au sein des actifs occupés, les catégories sociales se distinguent peu par leur propension à avoir usé de cannabis au cours de l’année, remarque l’Insee[3]. L’élévation du niveau d’instruction scolaire va de pair avec une consommation de cannabis au cours des douze derniers mois plus répandue. »
Au Royaume-Uni, moins de 4 % des bénéficiaires des aides sociales souffrent d’une addiction aux drogues ou à l’alcool[4] et les études n’établissent pas de lien entre la consommation d’alcool et la catégorie sociale[5]. Aux États-Unis et au Canada, elles montrent que la consommation de drogues et d’alcool est plus fréquente parmi les couches socialement plus favorisées[6].
[Article mis à jour en décembre 2019]
ATD Quart Monde publie l’édition 2020 de l’ouvrage de référence qui démonte les idées fausses. Un indispensable !
[1] Étude « Constances » menée depuis 2013 auprès de 200 000 personnes fréquentant les centres d’examens de santé (CES) de la Sécurité sociale.
[2] Enquête sur le budget des familles en 2011, Insee.
[3] F. Beck, S. Legleye et alii, « Le rôle du milieu social dans l’usage des substances psychoactives des hommes et des femmes », dans Insee, Femmes et Hommes, Regards sur la parité, 2008.
[4] « Local Authority Breakdown: Incapacity Benefits and Disability Living Allowance claimants with main condition of alcohol or drug abuse », DWP Ad-hoc analysis, 2011.
[5] « Adult Psychiatric Morbidity in England 2007 », NHS, 2009.
[6] C. C. Diala, C. Muntaner, C. Walrath, « Gender, occupational, and socioeconomic correlates of alcohol and drug abuse among U.S. rural, metropolitan, and urban residents », American Journal of Drug and Alcohol Abuse, 30(2), 2004. Voir aussi Degenhardt, Chiu, et al, « Epidemiological patterns of drug use in the United States: Evidence from the National Comorbidity Survey Replication, 2001-2003 », National Institutes of Health, 2007 et, pour le Canada, S. Chevalier, « Consommation de drogues », Santé Québec. Et la santé, ça va en 1992-1993 ?, 1995.