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Les événements de 68 vus par Joseph Wresinski 

Toujours curieux de ce qui se passait dans la société, Joseph Wresinski, le fondateur d’ATD Quart Monde, a suivi de près les événements qui ont secoué la France en 1968. Interrogé près de vingt ans plus tard, il tire un bilan de ce que cela a apporté au Mouvement et à la cause des plus pauvres et évoque aussi sa déception.

« En 1968, je voyais tous ces jeunes plein d’intelligence, avec des possibilités considérables, et je me disais : « Ils sont en train de perdre leur temps à faire des discussions alors que dans les quartiers pauvres, il y a des millions d’enfants qui ne savent même pas lire et écrire ». C’est là, que j’ai inventé le « savoir dans la rue » en disant : il faut que les étudiants viennent apprendre ce qu’ils savent, ce qu’ils ont appris, qu’ils le partagent avec ceux qui malheureusement n’auront jamais la possibilité d’aller à l’université (…). Alors j’ai été dans les bistrots, j’ai été discuter avec eux et j’ai réussi à en gagner quelques-uns qui sont venus nous rejoindre.

Ce que je voulais, c’est « que celui qui sait apprenne à celui qui ne sait pas ». (…) La connaissance, ce n’est pas un privilège pour les uns, ce doit être un don à tous et pour tous.

Si les étudiants avaient mis leur manifestation au service des pauvres et s’ils étaient allés dans toutes les cités de la région parisienne en faisant des bibliothèques dans la rue, (…) je crois que l’ensemble des milieux populaires des ouvriers, des gens qui vivent chichement et difficilement auraient été d’accord avec eux, (…) parce qu’ils auraient découvert qu’entre l’université et le monde des pauvres, de la misère, il n’y a pas de fossé, que c’est la même humanité qui se bat pour la même cause, celle de la liberté, celle du respect des uns des autres. »

A lire et à écouter cette interview vidéo réalisée en octobre 1987 sur le site joseph-wresinski.org.

Le saviez-vous ?

En 1968, Joseph Wresinski découvre les « Cahiers du Quatrième Ordre, celui des pauvres, journaliers, des infirmes, des indigents, etc » rédigés en 1789 par Louis Pierre Dufourny de Villiers. Il décide de parler désormais de Quart Monde au lieu de « sous-prolétariat » auquel il reproche « une connotation marxiste ».