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Un atelier sur les cuisines du monde pour mieux se connaître

Au Centre de promotion familiale d’ATD Quart Monde à Noisy-le-Grand, les familles échangent lors d’ateliers hebdomadaires sur la cuisine. Une façon de partager sa culture et un exemple des initiatives que le Mouvement a choisi de mettre à l’honneur à l’occasion du 17 octobre 2016, Journée mondiale de lutte contre la misère.

 » C’est un plat typiquement mahorais avec de la banane verte, du manioc, du thon, du lait de coco et des épices que l’on a du mal à trouver ici  » : pour le premier atelier cuisine de l’été, Saandia, volontaire permanente d’ATD Quart Monde, a choisi de revenir sur les séances précédentes. La plupart des mères présentes sont arrivées début juin dans l’immeuble tout neuf du Centre de promotion familiale du Mouvement, qui accueille des familles en difficultés jusqu’à leur relogement. Saandia veut leur présenter l’atelier.

Tenue mahoraise

Sur les photos qu’elle projette avec son ordinateur, on la voit, en tenue mahoraise, préparant un plat de Mayotte d’où elle est originaire. Sur d’autres, Rokia, mauritanienne, présente des beignets mauritaniens et un poulet yassa. Bénédicte, enceinte, venue avec sa petite fille, s’exclame surprise :  » mais nous aussi en Côte d’Ivoire, on a ce plat !  »

Marie est l’une des rares à avoir déjà fréquenté l’atelier. Elle a préparé une loubia (ragoût de haricots blancs) et des galettes kabyles. « A ne pas confondre avec les galettes algériennes, la semoule est plus fine ! « , avertit-elle. Murielle, une ancienne du centre relogée sur les bords de Marne et qui revient à l’atelier, avait fait découvrir la ficelle et les rabotes (pommes au four) picardes. Aujourd’hui, c’est Sonia qui va parler de sa ville, Noisy-le-Grand, et de ce qu’elle cuisine.

Chaque samedi, Saandia, avec deux autres membres de l’équipe culture, anime cet atelier de 14 heures à 17 heures, au delà lorsque le plat est long à préparer. La personne présente d’abord son pays ou sa région. Puis elle propose de faire, en groupe, une pâtisserie. Elle revient le lundi suivant pour confectionner cette fois un plat. Parfois on part en visite – récemment dans une ferme halal pour acheter de la viande.

En pleine préparation du gâteau au citron
En pleine préparation du gâteau au citron

Ce jour-là, on suit la recette du gâteau au citron de Sonia. Les ingrédients, achetés à l’avance, sont posés sur la table. L’une casse les oeufs, une autre verse le sucre, tout en échangeant joyeusement. Certaines ne connaissaient que la pâte industrielle.

Goût amer

Saandia explique les bénéfices de cette démarche :  » Partager quelque chose et voir que les autres nous écoutent, que ce que l’on raconte intéresse. Souvent les gens ne partagent pas leur culture alors qu’à la maison, ils sont dedans. On voit aussi les points communs, les différences. Beaucoup de femmes ici sont musulmanes. Lors de la présentation de Rokia par exemple de la cuisine de son pays, on a vu un documentaire sur la Mauritanie. Une femme y expliquait que dans son ethnie, divorcer était un motif de fierté. Cela a entraîné une discussion sur le système matriarcal dans certaines sociétés musulmanes.  »

Un livre, intitulé « Cuisine et culture », va rassembler toutes les recettes avec photos des ateliers, et aussi les échanges et les anecdotes auxquelles cela a donné lieu.

Le gâteau au citron de Sonia sort du four. C’est le moment de le déguster. Certaines l’auraient préféré plus sucré, d’autres apprécient le goût un peu amer. Sonia rayonne.

Véronique Soulé

Photo : atelier cuisine au centre de promotion familiale de Noisy le grand le 18 juillet 2016 (VS)