Entrez votre recherche ci-dessous :

L’école du Centre pour migrants d’Ivry-sur-Seine

Afghans, Érythréens, Soudanais… Les enfants aux passés souvent traumatisants sont heureux de se retrouver des élèves.

Des bureaux en bois, de grands tableaux blancs, une cour de récré… C’est une école presque comme les autres à la différence que les élèves sont tous des migrants et que les cours ne cessent pas durant les vacances.

Une soixantaine d’enfants de 6 à 17 ans fréquentent l’école du Centre d’hébergement d’urgence d’Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne). Ouvert le 16 janvier 2017, le centre accueille environ 420 personnes arrivées en famille – essentiellement des Afghans, des Érythréens, des Soudanais… -, ainsi que 50 habitants d’Ivry, des Roms.

Tout en bois, il est entièrement bâti sur pilotis dans l’ancienne usine des Eaux de Paris, avec quatre yourtes blanches au milieu faisant fonction de salles communes et de cantines. Les migrants y restent de quelques jours à quelques semaines, avant d’être orientés vers d’autres structures, le temps d’examiner leurs demandes d’asile.

L’école a ouvert le 21 février 2017 dans trois pièces du centre, prêtées par Emmaüs Solidarité qui le gère. Le bâtiment blanc actuel en Algeco a été inauguré le 5 juillet 2017, avec quatre salles de classe, une salle des profs, des bureaux..

L’Éducation nationale met à disposition cinq enseignants spécialisés. S’ajoutent trois professeurs de la Ville de Paris – de musique, d’arts plastiques et d’EPS (éducation physique et sportive). Deux jeunes en service civique, enfin, secondent les profs et les administratifs

 » Le choix a été fait d’avoir l’école dans le centre même, souligne Stéphane Paroux, le directeur. De ce fait, tous les élèves partagent les traumatismes de la migration. Chez les plus petits, on le sent particulièrement.  »

Mélanie, l’enseignante des 6-7 ans, commence la classe par une chanson en mimant les gestes  :  » Mains en l’air, sur la tête, aux épaules et en avant, bras croisés, sur les côtés, moulinets et on se tait « … . Elle a 9 élèves aujourd’hui :  » j’ai de la chance : depuis 15 jours j’ai le même groupe. Parfois les enfants partent au bout de quelques jours et d’autres arrivent. « 

Le projet pédagogique est simple : travailler les apprentissages de base, notamment le français, et apprendre à être des élèves pour être plus tard des citoyens dans un pays où ils vivront peut-être.

Face aux situations dramatiques vécues par les élèves, il est difficile de rester insensible. Des émotions que les professeurs doivent mettre à distance.  » Quand ils arrivent, ils sont parfois très mal, explique Anastasia, l’enseignante des 12-17 ans, puis vient un sourire et ils commencent à s’ouvrir.  »

Anastasia souligne le bien-être qu’apporte l’école à ces enfants mis à si rude épreuve :  » ils sont très demandeurs et friands d’apprendre, en classe ils retrouvent aussi un groupe. Tous ensemble, on passe un bon moment.  » Pour les enseignants, ajoute-telle,  » cela demande beaucoup de patience, de persévérance et d’amour.  »

Véronique Soulé

Photo: Mélanie l’enseignante de la classe des 6-7 ans, le 23 novembre 2017 ©VS, ATDQM