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Le Portel  (Pas-de-Calais) : récit d’un combat…et d’une victoire !

Récit de Madame Lydie Brahimi

« Pour une famille comme la nôtre n’ayant comme seule ressource que le RSA : comment peut-elle aujourd’hui se loger alors que le loyer habituel d’un logement social pour 3 ou 4 chambres atteint 750 € par mois ? Le parc locatif privé n’est malheureusement pas une solution pour nous. Maman de 4 enfants de 5 ans à 10 mois, je ne pouvais pas décemment me permettre de risquer l’avenir de mes enfants. J’en ai parlé autour de moi : dans mon entourage, à l’école, partout où j’allais… Avec mon mari, Brahim, nous avons tout tenté au début de notre galère. Ensuite pendant les démarches, c’est lui qui s’occupait des 4 enfants.

Une amie travaillant en mairie m’a apporté un tract sur le DALO, et un numéro de téléphone à composer : celui d’un militant pour les droits. Celui que j’appelle maintenant « mon sauveur », est passé par les mêmes problèmes que moi. Il connaît ce que nous vivons. Il m’a expliqué que ce droit existait depuis peu et que je devais mener ce combat pour retrouver ma dignité, pour vivre une vie normale, dans un logement décent auprès de mes enfants et de mon époux.
Je suis donc résolue à faire valoir ce droit au logement. Et je puis affirmer aujourd’hui : le DALO : oui, ça marche ! Fin juin mon dossier est en route et le 17 septembre 2009 mon dossier était reconnu comme prioritaire et urgent par la commission départementale.

Pendant ce temps je suis allé à la rencontre des personnes des offices HLM et les services logement de certaines communes. J’ai tout entendu ! Certains m’ont dit : « mais Madame, ne pensez-vous pas que c’est à cause des origines de Monsieur que vous ne pouvez pas avoir de logement ? » ou bien encore « vous faites vos enfants en connaissance de cause ! ». Tout cela fait mal à entendre. Cela vous brise et vous humilie.

Malgré tout, je le dis à tous, et j’y crois : il faut rester motivé, il faut leur montrer que c’est son droit et que l’on ira jusqu’au bout. Alors quand vous êtes enfin reconnue « prioritaire », votre joie éclate… mais la bataille n’est pas terminée. Avec l’aide des autres, et notamment des personnes qui connaissent les lois, vous décidez de poursuivre le combat, de continuer cette « guerre ».
C’est pour cela qu’on a constitué un comité « Solidaires pour les droits ». Pour, ensemble, étudier toutes les stratégies qui peuvent faire en sorte qu’au plus vite, les HLM se bougent afin de trouver un logement pour ceux qui n’en ont pas. Nous avons décidé d’appeler les offices HLM pour solliciter un rendez-vous, mais aussi la presse afin qu’ils s’aperçoivent de notre motivation appuyée par celle de notre comité : un article est paru dans la Voix du Nord le 17 octobre racontant les difficultés de notre famille afin de les faire connaître ainsi que le combat du comité solidaire.

Au cours du rendez-vous, le directeur de l’Office HLM nous a dit n’avoir eu connaissance de notre demande que le jour où je suis allée personnellement remettre le double de la décision de la commission départementale à l’accueil de son établissement ! C’est à ce moment là qu’il s’est coordonné avec les différents organismes pour rechercher activement un logement. Ce qui explique qu’il faut donc maintenir en permanence la pression, même quand on a une décision favorable de la commission DALO.

Une proposition nous a été faite alors rapidement, et nous avons pu emménager fin janvier 2010. Enfin !

Entretemps nous avons dû batailler avec l’agence de location de notre ancien logement qui exigeait 3 mois de préavis de rupture de bail. Mais en expliquant que la loi sur le RSA permettait de ramener ce préavis à 1 mois, nous avons obtenu gain de cause.

Alors, oui ! le DALO ça marche, et non , il ne faut pas baisser les bras ! Il faut foncer et apprendre à bousculer ! Mais surtout il ne faut pas rester seul, il faut toujours être accompagné dans les différentes démarches. C’est ensemble qu’on peut gagner.

Je remercie les membres de notre comité : des personnes du Secours Populaire et du Secours Catholique, « mon  sauveur », sa famille. Grâce à votre soutien vous nous avez permis de supporter l’insupportable, pendant ces derniers mois.
Mais avec vous, nous voulons rester mobilisés pour que ce genre de rêve soit réalité et devienne un Droit accessible à tous ! »