Entrez votre recherche ci-dessous :

#JournéeMondialeDuRefusdelaMisère – Le droit à un enterrement digne

En route vers la Journée mondiale du refus de la misère, qui a lieu tous les ans le 17 octobre, nous vous proposons une série spéciale qui met en avant ceux et celles qui posent des gestes concrets pour lutter contre la pauvreté.

À Nancy, une association accompagne les personnes décédées dans l’isolement.

Avec Marie, Monique, Mireille, Brigitte, Aquilina et Marie-Agnès, militantes et alliées d’ATD Quart Monde, Micheline accompagne dans leur dernier voyage ceux que la société ne voit plus. Ceux dont les proches n’ont pas été retrouvés, n’ont pas les moyens ou ne souhaitent pas s’occuper des funérailles.

Pour ces morts isolés qui seront inhumés dans le carré des indigents, les communes prennent en charge les frais d’obsèques. A minima. « Souvent, les personnes sont enterrées sans être lavées ou habillées. Ni cérémonie ni nom sur les tombes », raconte Micheline. Comme s’il ne suffisait pas d’être humiliés durant leur vie, les plus pauvres continuent parfois à subir le mépris jusque dans la mort.

Pour y mettre fin, en 2016, Micheline a créé à Nancy, avec d’autres membres d’ATD Quart Monde, l’association « Inhumer dignement nos morts ». Son but : ne laisser personne partir seul, avec le soutien d’élus. L’administration communale l’avertit du décès d’une personne isolée – des hommes pour la plupart, décédés à leur domicile, à l’hôpital ou en centre d’hébergement. Les bénévoles fournissent des habits et assistent aux funérailles. Des proches, amis ou voisins, viennent parfois mais généralement, personne ne fait le déplacement.

Les membres de l’association tentent de recueillir des éléments sur le défunt permettant de retracer un parcours, une personnalité. Avec de maigres bribes de vie, ils choisissent un texte qu’ils liront lors de la cérémonie et qu’ils accrocheront sur le cercueil. « Lors de l’enterrement d’un monsieur qui travaillait dans les espaces verts, nous avions choisi un texte qui parlait d’arbres et de fleurs », explique Micheline. Quand c’est tout ce qu’il reste d’une vie de solitude et d’exclusion, poursuit-elle, ces dernières minutes d’attention sont « avant tout une question de dignité ».

Emilie Perraudin

Photo: Funérailles le 22 mai 2018 à Nancy ©ATDQM

Pour aller plus loin :

Découvrez l’ouvrage « Mourir lorsqu’on est pauvre : où s’arrête la dignité ?« ,  qui invite à relire l’histoire de notre société française face à la mort, à découvrir la réalité des derniers moments et des obsèques vécus dans le dénuement. Il montre aussi les dynamiques qui permettent que, face à ces situations, des hommes et des femmes se lèvent – personnes vivant la pauvreté, universitaires, responsables d’entreprise, responsables institutionnels, associatifs, politiques…