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Le droit à avoir des liens familiaux : 4 orphelins séparés

Peu avant d’accoucher de son 4ème enfant une maman célibataire demande le placement provisoire de ses trois aînés, craignant de ne pouvoir faire face avec cette nouvelle naissance. Mais, tragiquement, elle meurt en couches. Kevin nait handicapé et sera placé dans une pouponnière médicalisée où il se trouve toujours.

Dans la région, aucun établissement n’a la capacité d’accueillir en son sein les trois autres enfants, respectivement âgés de 15, 12 et 5 ans. Depuis, Jean, Béatrice et Pierre* souffrent de cette séparation ajoutée à celle de la perte de leur maman : les deux grands ont écrit au juge pour enfants pour lui demander d’être réunis.

Même si le « regroupement familial » à proprement parler est impossible à mettre en place, le combat est que cette fratrie puisse se retrouver de temps en temps.

Des choses positives méritent cependant d’être notées : tout d’abord la marraine de Béatrice a eu l’autorisation légale d’accueillir et de réunir les enfants chez elle, bien que cela ne soit que de manière ponctuelle. Ensuite Pierre est en voie d’être placé en famille d’accueil où un lit d’appoint est prévu afin que son frère ou sa sœur puissent, de temps en temps, venir le voir. En outre la directrice du foyer de Béatrice l’a emmenée voir le dernier né et lui a même offert un album photos. Enfin, une avocate a demandé à ce que la marraine de Béatrice soit impliquée dans le processus décisionnel lié au regroupement familial de ces enfants.

Des interrogations multiples : Est-il juriquement vrai que ces enfants ne peuvent être regroupés au motif que, n’étant pas du même père, ils ne peuvent être considérés comme une vraie fratrie ? Si aujourd’hui il existe un lien fort entre les enfants et la marraine de Béatrice, qu’adviendra t-il de ces derniers lorsque celle-ci, déjà fatiguée, ne pourra plus les accueillir ? Comment ne pas oublier le papa du petit dernier, qui a reconnu son enfant, dans cette démarche collective pour pouvoir regrouper périodiquement la fratrie ?

Réfléchir à plusieurs : Nous avons vivement encouragé la marraine de Béatrice à ne pas rester seule, à tâcher de regrouper autour d’elle l’ensemble des personnes touchées par cette situation et désirant voir le droit à la vie familiale respecté pour ces enfants. Nous avons essayé de la convaincre qu’en réfléchissant à plusieurs, en mettant ensemble ses idées, on était plus fort et moins vulnérable.

La marraine de Béatrice a alors eu une très belle réaction, proposant de réunir chez elle ces personnes le jour où elle recevra les trois enfants. Ainsi ceux-ci seront-ils directement partie prenante (donnant leurs avis, leurs idées etc.), et verront qu’ils ne sont pas seuls.

Dernières nouvelles : les liens continuent avec la marraine :
Pierre est dans une famille d’accueil, dans laquelle il se sent bien. « J’ai pu parler avec Pierre au téléphone, nous écrit-elle, ainsi qu’avec la « maman » de la famille d’accueil ; il m’a semblé paisible, mais surtout heureux de savoir que nous nous verrons tous, avec sa sœur et son frère, le 4 novembre, pour fêter ses 6 ans.
J’ai également parlé avec Jean, par téléphone. qui attend aussi impatiemment cette journée du 4 novembre. »

Béatrice vit très difficilement l’éloignement de son petit frère. « L’avocate m’a promis de demander à rencontrer Béatrice avec moi, pour qu’ensemble nous puissions parler de ses souhaits et voir s’il y a une solution à envisager pour que cette petite n’en arrive pas à un point de non-retour. »

*les prénoms ont été changés