Le Carillon sonne les cloches de la solidarité
Un verre d’eau, l’accès aux toilettes… Commerçants et bénévoles du réseau offrent des services aux personnes sans domicile.
En octobre 2016, JS, 38 ans, sans domicile fixe, rencontre Laura. Ils échangent des regards, discutent. Elle l’invite à un événement le lendemain. JS accepte. L’événement en question ? L’arrivée du Carillon dans le 10ème arrondissement de Paris.
Le Carillon est le premier projet de l’association La Cloche. Son fondateur, Louis-Xavier Leca, un entrepreneur social de 28 ans, est parti d’un constat : on ne sait pas comment s’engager, en tant que citoyen, quand on croise des sans-abris. » Je voulais travailler sur l’image des plus démunis et la question du lien social. »
Selon une étude BVA / Emmaüs, 83% des sans-abris trouvent que le plus dur est la sensation de rejet des passants. Ce sentiment, JS le connaît bien : » J’ai vécu un an dans un parc. Même les toilettes, j’avais pas le droit d’y aller. Les gens te regardent pas dans les yeux. »
L’idée du Carillon est de proposer aux commerçants de mettre à disposition des services de première nécessité mais difficiles à obtenir quand on vit dans la rue. Offrir un verre d’eau, l’accès aux toilettes, recharger son portable, cela sans jamais avoir à justifier de sa situation.
Lancé en 2015, le projet est devenu un réseau citoyen présent dans 15 arrondissements parisiens mais aussi à Nantes, Lille, Marseille et Lyon. Plus de 130 bénévoles et 530 commerçants l’ont rejoint.
Depuis neuf mois, JS est ambassadeur du Carillon. Bénévole, il organise des événements, distribue l’annuaire qui répertorie tous les services disponibles dans Paris, rencontre des commerçants. » Le Carillon a changé ma vie. Devenir ambassadeur, ça permet de retrouver un rôle social et de se sentir utile à nouveau. »
Les commerçants, pas trop difficile de les convaincre ? » Non, répond JS, je n’ai presque pas de refus. »
Louis-Xavier renchérit : » On a senti dès le début un réel besoin aussi de la part des commerçants. Le Carillon n’aurait pas le même sens si on ne les avait pas. La base du réseau s’est construite grâce à eux. »
Sarah Philippe
Photo : JC, ambassadeur du Carillon. © DR
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