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Idées fausses : « La vraie vie, ce n’est pas l’assistance, c’est la réussite des plus aptes » C’est faux !

Faux. La coopération, mieux que la concurrence, permet à chacun de bien vivre.

La doctrine du « darwinisme social » qui prétend que la libre compétition est l’état normal de la nature humaine sert parfois à revendiquer une liberté économique totale. Mais cette doctrine n’est pas celle de Darwin qui a justement expliqué le contraire[1].

Un monde uniquement guidé par des intérêts individuels mènerait à des résultats désastreux, autant collectifs qu’individuels, comme l’ont montré des philosophes tels que Hobbes (qui dit dans son Léviathan que sans coopération, la vie de l’homme serait « solitaire, indigente, dangereuse, animale et brève ») et comme le prouve aussi le célèbre « dilemme du prisonnier »[2]. De plus, donner la priorité au collectif ne signifie pas nuire à l’individu, cela peut lui permettre au contraire de s’épanouir, alors que l’inverse est moins vrai[3].

Une éducation et des soins accessibles à tous, des infrastructures de transport et de communication, par exemple, ne peuvent être développés sans placer à un moment l’intérêt collectif au-dessus des intérêts privés, ce qui suppose un minimum de contraintes communes. Les sociétés qui mettent en place des règles pour réduire les inégalités sont celles où l’on vit le mieux (idée fausse 107) et où l’on maîtrise le mieux la violence (idée fausse 5).

Deux autres points. D’abord, la « réussite des plus aptes » est parfois plutôt celle des plus chanceux ou des plus tricheurs[4]. Et, à l’inverse, quand on naît dans un milieu défavorisé, on a moins de chance de « réussir », même si l’on fournit plus d’efforts que celui qui est né dans un milieu favorisé (idées fausses 68 et 111).

La coopération renforce la coopération, et la concurrence renforce la concurrence. Notre capacité d’entraide est renforcée si l’on a vécu ou si l’on vit dans un environnement d’entraide. Elle peut être endommagée si l’on observe autour de nous des comportements égoïstes et des inégalités importantes[5].

[Article mis à jour en décembre 2019]

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[1] Voir B. Tardieu, Quand un peuple parle, Paris, La Découverte, 2015, p. 153-156. La pensée de Darwin a été détournée pour prôner la libre compétition entre les individus. Les principes darwiniens de la sélection naturelle par les plus forts s’appliquent à la nature et aux animaux. Darwin attribue en revanche à l’homme des qualités propres, en plus de la force et de l’intelligence : des instincts sociaux qui le conduisent à ne pas abandonner les plus faibles et à créer des règles pour les protéger.

[2] Théorie qui montre qu’en l’absence de coordination deux personnes ont plus intérêt à coopérer qu’à non-coopérer.

[3] Voir par exemple A. Williams Woolley, C. F. Chabris, A. Pentland, N. Hashmi, T. W. Malone, « Evidence for a Collective Intelligence Factor in the Performance of Human Groups », www.sciencemag.org, vol. 330, 29/10/2010.

[4] Le livre La juste part montre qu’une compétition non encadrée peut récompenser des vainqueurs pour de mauvaises raisons – par exemple parce qu’ils sont mieux informés ou plus tricheurs que les autres.

[5] P. Servigne, G. Chapelle, L’entraide, l’autre loi de la jungle, op. cit. Voir aussi P. Kropotkine. L’entraide, un facteur de l’évolution, Bruxelles, Aden, 2009.