
La société idéale, de l’utopie à la concrétisation 3/3
Pendant trois jours, les jeunes venus de toute la France à la rencontre nationale d’ATD Quart Monde ont dressé le portrait de leur société idéale en définissant les valeurs fondamentales qui la caractériseraient.
Ils ont aussi imaginé ce qu’ils pouvaient faire, dès maintenant et à leur échelle, pour y parvenir.
Voici leurs témoignages dans le dernier volet de notre série en trois épisodes !
Naomi, 30 ans, Marseille
Dans la société idéale, chacun doit pouvoir réaliser ses envies et être soutenu par les autres pour y arriver. Les valeurs de cette société sont l’égalité, la fraternité, l’amour pour les autres et pour l’environnement, et le respect. Il n’y aurait plus une grande inégalité des pouvoirs, car aujourd’hui certaines personnes prennent toutes les décisions pour d’autres qui n’ont pas le pouvoir de changer les choses. Il faut agir pour cela et redistribuer le pouvoir.
Je ressens parfois de la colère contre le système et j’ai peur de m’exprimer, mais je veux davantage le faire, car si on ne dit rien, ce n’est pas la peine de ressentir cette colère dans son coin et d’attendre que quelqu’un agisse. C’est moi qui dois agir.
Arnaud, 25 ans, Val d’Oise
Pour moi, la société idéale, c’est une société où règne la bienveillance, où l’on fait attention au bien-être des autres, où personne ne serait mis de côté, même involontairement, grâce à des efforts pour inclure tout le monde. Cela changerait beaucoup de choses si ces principes étaient inscrits dans la Constitution et dans des lois. Ce serait aussi un espace où l’on essayerait de s’adapter à l’environnement et de trouver une harmonie entre la nature et l’activité humaine. Moi, je travaille sur moi pour plus de bienveillance, pour aller davantage vers les autres.
Eugénie, 19 ans, Île-de-France
La société idéale serait une société dans laquelle il n’y aurait plus de discriminations du tout. On serait tous égaux, on pourrait faire ce qu’on veut sans avoir la peur d’être jugé et on n’aurait plus peur de manquer de quelque chose. Ses valeurs seraient la dignité, le droit à la vie familiale, à l’éducation et à la culture. Mon projet, à travers l’antenne créée avec ATD Quart Monde à la Sorbonne, est de sensibiliser un grand nombre d’étudiants aux problèmes de la grande pauvreté.
Robel, 20 ans, Poitiers
Tout le monde aurait les mêmes droits et serait libre de faire ce qu’il veut sans que cela dérange les autres. Les valeurs seraient la liberté et la laïcité, mais surtout le droit de vote, parce que c’est important que tout le monde donne son avis, choisisse, et qu’on n’impose pas les lois. Je pense que les cités sont trop délaissées aujourd’hui. Il faudrait commencer par nous, les plus jeunes, et nous apporter plus d’attention.
Leah, 24 ans, Montreuil
C’est un monde dans lequel chacun est écouté, entendu et respecté et où chacun peut s’exprimer. Il n’y a pas de violence dans la parole ou les gestes, personne n’a peur de pouvoir s’exprimer. C’est une société où on se sent libre, avec comme valeurs l’entraide, le respect pour les êtres humains, mais aussi la planète et les animaux, et l’écoute.
J’essaye d’être cohérente avec mes valeurs, de faire au mieux pour que les êtres vivants soient respectés, en étant végétarienne, en boycottant certaines marques, pour réduire mon empreinte écologique. Ce n’est pas toujours facile, mais j’essaye de faire au mieux et aussi d’être à l’écoute des personnes qui m’entourent et de faire en sorte qu’elles puissent m’offrir elles aussi cette écoute.
Tatiana, 19 ans, Geneuille
Une société idéale serait une société où l’on écoute un peu plus les jeunes, où l’on aide beaucoup plus ceux qui en ont besoin au lieu de laisser les riches avoir tout ce qu’ils veulent. Il y aurait une égalité au niveau des salaires et les riches aideraient un peu plus les pauvres et ne resteraient pas dans leur petit monde. On ne dirait plus aux jeunes qui cherchent un travail qu’ils n’ont pas assez d’expérience. Le respect serait la valeur fondamentale et on aurait confiance en nos dirigeants. Je veux aider les gens qui m’entourent à avoir confiance en eux et respecter les autres.
Ethan, 22 ans, Paris
Ce serait une société plus bienveillante, plus compréhensive, qui applique vraiment toute la devise de la France, Liberté, Égalité, Fraternité et dans laquelle il y aurait moins de jugements. Le plus important serait l’entraide, la bienveillance et surtout l’amour, de soi et des autres, car c’est la chose la plus importante au monde, c’est notre richesse et ça n’a pas de prix, ça se partage. C’est juste gratuit et ça réconforte beaucoup. Moi, j’aimerais faire une BD sur la vie de jeunes qui ont eu beaucoup d’obstacles. Je montrerais qu’ils sont capables, confiants et qu’en s’acceptant comme ils sont, ils sont beaucoup plus forts.
Gaëlle, 23 ans, Lille
Dans la société idéale, les différences seraient une force. Il y aurait aussi beaucoup de nature. L’acceptation des différences passe par la rencontre de l’autre, la tolérance, le respect, l’écoute et la créativité. Le fait de créer ensemble permet de libérer certaines choses et ça tisse des liens. Je veux continuer à rencontrer des gens qui viennent d’autres pays et m’expliquent leurs difficultés. Je pense que ça leur fait du bien parfois simplement de les écouter, cela permet de créer du lien social.
Franck, 30 ans, Lyon
Une société idéale, c’est une société où tout le monde a sa place et où on ne prend pas plus que ce dont on a besoin, où on ne va pas polluer ni la nature, ni l’être humain, une société qui arrive à se contenter d’elle-même. C’est une société où l’on protégerait la planète, mais aussi notre humanité et où l’écoute serait fondamentale. Pour que chacun ait sa place, il faut comprendre la place dont les autres ont besoin et avoir suffisamment d’espace pour qu’on ne se marche pas dessus, et je pense qu’il y a assez de place pour y arriver.
Propos recueillis par Julie Clair-Robelet.
Cet article est extrait du Journal d’ATD Quart Monde de septembre 2019.
Photos : Julie Clair-Robelet et Remi Santiard, ATD Quart Monde