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Idées Fausses : « La philanthropie privée doit prendre part aux politiques publiques » Pourquoi pas, mais…

Pourquoi pas, mais sans prendre le pouvoir.

Les investissements financiers de grandes entreprises privées, des fondations et des fonds de pensions, etc., dans l’action sociale et les services publics sont souvent encouragés par les États et les collectivités, car ils leur permettent de réduire les dépenses publiques. Pourquoi pas ? Les efforts de tous sont bienvenus pour agir contre la pauvreté. À condition, cependant, que cette philanthropie privée n’ait pas d’arrière-pensées politiques ou commerciales. Dans Les oubliés du rêve américain, NicolasDuvoux s’interroge : dans quelle mesure cette philanthropie veut-elle réellement s’attaquer aux racines de la pauvreté et des inégalités ? Sous prétexte d’aider les personnes en précarité à « se prendre en main », ne contribue-t-elle pas à maintenir le fonctionnement inégalitaire de la société américaine, à faire croire que tout est de la responsabilité de l’individu et à décrédibiliser l’État en voulant montrer que la compétence privée est supérieure à la compétence publique. Tout en légitimant au passage l’opulence de philanthropes – atteinte parfois grâce à des pratiques monopolistiques, d’optimisation fiscale, etc. – qui bénéficient de larges réductions d’impôts[1].

Le problème est que les financeurs privés nourrissent parfois un certain mépris envers les modes d’intervention des acteurs de terrain et imposent des critères d’efficacité qui peuvent susciter des politiques d’écrémage (idée fausse 67) car ils ont besoin d’obtenir des résultats rapides mais pas toujours durables. Par ailleurs, ils entretiennent une vision particulière de la société qui n’est pas partagée par le plus grand nombre[2].

[Article mis à jour en décembre 2019]

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[1] Voir par exemple L. Astruc, L’art de la fausse générosité. La fondation Bill et Melinda Gates, Arles, Actes Sud, 2019.

[2] Voir A. Cody, The Educator And The Oligarch, op. cit.,ou B. Martin, L’adieu à l’humanitaire ? Les ONG au défi de l’offensive néolibérale, Lausanne, FPH, 2015.