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Journal d'ATD Quart Monde n° Août.2015

Lutter contre le réchauffement : pas sans les pauvres

Éditorial du journal

Une volontaire nous a envoyé ces mots : « Qu’a pu vivre cette femme pour être si méfiante de tout le monde ? Souvent je la vois de loin et du coup elle s’en va, fuit ma présence. Tout en respectant son attitude, je m’interroge. (…) Être présent, à l’écoute et oser un pas quand l’autre nous y invite, ne jamais forcer, un équilibre si fragile…(…) Un paquet de souffrance, son corps est toujours tendu, prêt à bondir, qui a envie de crier, d’exploser, de fuir, qui se ferme, s’ouvre le temps d’un instant. « Oui je veux bien qu’on m’aide, mais pas en me disant fais-ci, fais-ça. »
Les services sociaux, l’école se font de plus en plus pressants, déjà deux enfants qui n’habitent plus sous leur toit… Non, pas la dernière, pas celle-là… Alors elle se referme encore plus, et un jour, je la vois dans la rue, en pleurs, on va venir chercher sa fille… Et tous ces gens qui décident pour elle…(…) Qui entend les cris sourds de cette mère ? »
Cette approche me rappelle ces mots d’André de Peretti (1) : « Regardez ce colibri (…) Il a la possibilité, non seulement de la marche avant comme les autres oiseaux, mais aussi de la marche arrière. Il s’arrange pour s’approcher des fleurs, juste ce qu’il faut pour reculer s’il est trop près, ré-avancer s’il est trop loin. A chaque instant il peut régler sa présence/distance, à la fine pointe des fleurs (ou des choses) pour ne pas les abîmer mais pour bénéficier du nectar, pour être dans une présence qui ne soit pas pression, ni dans une distance qui serait aussi pression par défaut. »
Trouver la bonne distance… Pour cela, il faut chercher ensemble, partager nos visions, nos idées, se laisser interroger dans nos équipes, nos groupes… C’est tout le sens de notre mouvement qui veut rassembler pour permettre à tous de faire reculer la misère.
Pour ce faire, il nous faut être unis. Ne nous leurrons pas. C’est difficile, un ouvrage à remettre sans cesse sur le métier. Parce que la misère est rude. Parce que nous sommes humains. Parce qu’il nous faut accueillir l’autre, pauvre ou non, construire à partir de lui et de ce qu’il peut apporter. Se transformer ensemble. En cherchant en priorité ceux qui sont absents ou qui ne trouvent pas leur place dans nos projets.
De fait, ils nous manquent.

Pascal Lallement, membre de la délégation nationale d’ATD Quart monde

(1) « Présence de Carl Rogers », A. de Peretti, Erés, 1997

A lire dans ce numéro du Journal d’ATD Quart Monde :

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