Lors de l’Université populaire Quart Monde, le 14 février dernier au Conseil Économique, Social et Environnemental à Paris, des militants ATD Quart Monde de Marseille ont déclaré : « Notre quartier vit des difficultés. Ça ne sert à rien de l’appeler « quartier difficile », ou « quartier chaud ». Cela ne sert qu’à l’enfoncer un peu plus aux yeux de ses habitants. Nous désigner ainsi crée de l’agressivité et de la violence, parce qu’on se dit que c’est nous, les gens, qui sommes difficiles. Notre quartier, c’est simplement un quartier qui manque de tout. Un quartier abandonné. Mais ce n’est pas nous qui sommes plus difficiles que les autres ! »
Les quartiers de « banlieues », de « cités », sont les lieux de vie de nombreuses familles populaires, dont certaines en très grande précarité. Ils sont souvent décriés par des personnes qui n’y habitent pas et qui renforcent leur image négative. Dès le début de leur vie, les enfants qui y vivent sentent ce poids qui les met à part.
Il est vrai que tout ne va pas bien dans ces quartiers, qu’il y règne parfois le non-droit. Mais il y a aussi des responsabilités publiques non assumées : des chaussées défoncées, des espaces verts insuffisamment entretenus, des immeubles en copropriété délabrés, un nettoyage des espaces communs moins fréquent qu’en centre-ville, des lieux d’animation collective mis en péril par le manque de subventions, des services publics moins présents.
Qu’en disent les habitants ? Ils voudraient un cadre de vie meilleur, évidemment. Mais ils disent également qu’ils sont attachés à leur quartier, qu’ils cherchent à y vivre heureux, en famille, en relation avec leur voisinage, qu’ils s’investissent dans des associations, des fêtes… Il existe aussi des personnes qui, avec le désir de partager une mixité choisie, décident d’habiter ces quartiers où, soi-disant, on ne pourrait pas vivre.
En cette période électorale, les candidats vont-ils se donner la peine d’aller écouter les premiers concernés par le quotidien de ces banlieues, pas seulement afin d’entendre leurs réclamations, mais aussi pour découvrir et s’appuyer sur toutes les énergies positives qu’ils mettent en oeuvre ?
Véronique Davienne, Délégué nationale adjointe d’ATD Quart Monde France