Entrez votre recherche ci-dessous :

Jamila : « Au centre de promotion familiale, on a pu se poser, reprendre notre souffle »

« On est passé par le Centre de promotion familiale d’ATD Quart Monde de 2007 à janvier 2012. A l’époque, j’avais 4 enfants, de 4 ans à 11 ans. J’ai eu le cinquième à Noisy-le-Grand. Puis le sixième à Bondy (Seine-Saint-Denis) où on habite maintenant.

ATD Quart Monde nous a bien soutenus. On nous a accompagnés pour inscrire les enfants à l’école, aux sports. Le jour où on a signé le bail, ils sont venus les chercher pour des activités. Je n’en revenais pas. Les plus petits, ils les emmenaient le samedi et le mercredi après-midi au pivot (le Pivot culturel) où il y avait plein d’activités. C’est comme si on était là pour se poser, pour reprendre notre souffle.

A Paris avant, on était seuls, stressés. On vient de Guinée. On a été hébergés chez des gens. Puis on a fait trois ans d’hôtel. Il y avait des travestis, ça n’est pas un endroit pour des familles.

Chaque fois que j’entendais parler d’une association sur le logement, j’y partais. Mon assistante sociale disait que j’étais trop pressée. Une association m’a trouvé ATD Quart Monde qui prenait les familles. A l’hôtel, on n’acceptait pas mon mari. Il allait à l’Armée du Salut. J’avais deux chambres avec les enfants mais souvent pas sur le même étage. C’était dur.

Je ne peux pas rester à Bondy sans venir ici. Ca me manque. En plus, j’avais fait des connaissances avec des familles qui n’ont pas encore été relogées. Pendant deux ans après notre arrivée à Bondy, les enfants parlaient de retourner. Ils me reprochaient : « pourquoi on est venu ici ? » Je disais : « on n’a pas le choix ». Les gens ne nous ont pas très bien accueillis. Ils m’ont dit : « il faut tenir vos enfants »….A Noisy, c’était une grande famille. »

Propos recueillis par Véronique Soulé

Photo : Jamila en famille, chez elle, en février 2016 (F. Phliponeau)