
Grenelle de l’insertion : la contribution d’ATD Quart Monde « Que penser de la distinction entre « personnes à dominante sociale » et « personnes à dominante professionnelle » ? »
Comment construire des parcours d’accompagnement adaptés ?
C’est le thème du groupe de travail dont ATD Quart Monde fait partie, dans le cadre du Grenelle de l’insertion. Ce groupe a pour objet de faire le bilan de la mise en œuvre des parcours d’insertion, du point de vue tant des travailleurs sociaux et des prestataires d’insertion que des bénéficiaires des actions d’insertion.
Il a pour mission de formuler des principes d’action partagés garants de la qualité du travail d’accompagnement, ainsi que des modalités d’évaluation de ce travail. Il proposera des axes prioritaires de professionnalisation des structures et des intervenants.
Il se penchera plus particulièrement sur les enjeux de contractualisation des parcours d’accompagnement.
Un projet de document de synthèse a été rendu et soumis pour avis aux membres du groupe. ATD Quart Monde a rendu sa contribution :
Voici ci-dessous quelques extraits de cette contribution.
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Dans le domaine de l’emploi, comme dans tous les domaines, il faut du temps pour que les personnes dont la vie est la plus marquée par la grande pauvreté puissent et osent exprimer en confiance leurs aspirations et croire en leurs capacités. Ainsi, à Noisy-le-grand, les familles accueillies après des mois, voire des années d’errance, mettent plusieurs mois avant de pouvoir exprimer leur projet familial, l’ambition qu’elles portent pour l’avenir de leurs enfants. De même, les personnes travaillant dans l’entreprise « Travailler et Apprendre Ensemble » ont sans cesse besoin d’être confortées dans leur capacité à accéder à un emploi. Croire qu’un accueil, même dans les meilleures conditions, permettra en quelques « séances » de comprendre si une personne est ou non capable d’accéder à une insertion professionnelle, est un leurre et un gros risque pour celles qui n’osent plus y croire du fait de leur parcours antérieur.
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Le RMI reposait, et repose encore, sur une notion de contrat d’insertion censé mobiliser tous les acteurs nécessaires et impliqués dans ce projet contracté avec le bénéficiaire. C’est dans cet esprit que la loi de 1988 avait prévu que la présidence des commissions départementales d’insertion était assurée conjointement par le préfet, représentant de l’Etat, et le président du Conseil Général. L’histoire a montré, malheureusement, les limites d’un tel co-pilotage et a conduit à son abandon.
Croire aujourd’hui qu’une bonne coordination entre le Service Public de l’Emploi et les conseils généraux permettra d’éviter un tel cloisonnement est une erreur. Le risque est grand, au contraire, qu’une telle proposition conduise à un renforcement du cloisonnement des publics et des politiques. Les uns bénéficiant par le RSA d’un soutien renforcé pour accéder à l’emploi et disposer de revenus permettant de sortir de la pauvreté. Les autres risquant d’être cantonnés à des revenus insuffisants, avec un accompagnement minimum, diminué bien souvent par rapport à ce qu’il est aujourd’hui.
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